Pierre-Yves Bournazel : le programme d’Anne Hidalgo est « intenable sans hausse d’impôts. »

Joint par téléphone, le porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet s’interroge sur les raisons qui ont empêché l’adjointe au maire de Paris de mettre en œuvre ses propositions pendant son mandat. Il ne croit pas aux propositions de la candidate socialiste sans hausse des impôts. Enfin, il pointe du doigt l’incohérence d’un programme « pas crédible. »
 

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Paris Dépêches : Quel a été votre première impression après la présentation du programme d’Anne Hidalgo ?

Pierre-Yves Bournazel : Ce qui frappe c’est la différence entre ce qu’elle promet et ce qu’elle a fait pendant 13 ans en tant que numéro deux à la mairie de Paris. Pourquoi ne pas avoir mis en place son programme avant ces élections ? Cela démontre les manques de son bilan. De plus, c’est un programme « fourre-tout », qui promet monts et merveilles, et surtout dépourvu de chiffres. Elle cite bien les dépenses qu’elle compte faire, mais pas les diminutions des dépenses. Or son programme nécessite un certain budget, cela se traduira forcément par une hausse des impôts. Sans cela, son programme est intenable. Autrement dit, Anne Hidalgo entre parfaitement dans le projet d’asphyxie fiscale entamé par le gouvernement, qui a augmenté les impôts des Français de 35 millions d’euros en 18 mois.
 

Paris Dépêches : Anne Hidalgo promet 10 000 créations de logements par an et une part de logements sociaux qui passerait à 30% d’ici 2030. Quelle est votre position ?

Pierre-Yves Bournazel : Je constate surtout qu’il y’a beaucoup de communication de la part du PS autour du logement. Ils ont promis 20% en 2020, ils promettent 30% pour 2030. C’est joli, ça rime mais on ne fait pas de politique avec des rimes. Une telle part de logements sociaux est tout simplement impossible. Cela signifierait que tout nouveau logement deviendrait un logement social. Il n’y aurait plus de place pour le privé et ce sont les familles de classe moyenne qui seront touchées. Et pour finir, pour qu’un logement du secteur privé devienne un logement social, la ville doit s’acquitter de 15% de préemptions. Cela représenterait un coût incroyable pour la mairie. Oui, il faut des logements sociaux à Paris pour harmoniser la qualité de vie dans la capitale mais j’appelle le parti socialiste à plus de cohérence et de crédibilité.
 

Paris Dépêches : Que pensez-vous de ses propositions sur les transports ?

Pierre-Yves Bournazel : Elle n’a fait que reprendre des propositions qui existent depuis longtemps, mais qui n’ont jamais été mises en place par la mairie de Paris, dont elle fait elle-même partie. Ce sont des promesses habituelles de campagne, qui ne sont pas fondées. Elle lance des généralités sans aucune précision. Sur la limitation de vitesse à 30 km/h par exemple. D’accord, mais où ? Dans quel délai ? Dans quel quartier ? Est-ce pour toute la ville de Paris ? Elle ne répond pas à ces questions.
 

Paris Dépêches : Y’a-t-il des points de convergence entre son programme et celui de Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Pierre-Yves Bournazel : Sur certains sujets oui, tout simplement parce qu’elle a suivi NKM. La proposition d’une ville propre, sans véhicule diesel (camions de livraison et véhicules de transports en commun) est une proposition tirée du programme de l’UMP. Sauf que Nathalie Kosciusko-Morizet est plus légitime pour en parler puisqu’elle a été ministre de l’Ecologie. Encore une fois, si cela était une proposition à laquelle elle tenait vraiment, elle n’avait qu’à le faire pendant les treize années où elle travaillait pour la mairie de Paris. L’analyse de son bilan est nécessaire avant de parler de son programme.
 

Paris Dépêches : Anne Hidalgo prévoit un financement de son projet à hauteur de 7,5 milliards d’euros. Est-ce crédible selon vous ?

Pierre-Yves Bournazel : Non, ce n’est pas crédible. D’ailleurs, elle-même a dit qu’il faudra un certain délai avant de savoir quels seront les moyens dont ils disposeront pour mettre en œuvre ce projet. Ce n’est pas clair pour les Parisiens qui veulent un projet définitif et précis. Ils veulent savoir comment ces promesses vont être financées. Le problème, c’est qu’elle ne sait pas elle-même comment trouver les finances nécessaires.
 

Paris Dépêches : Après la sortie de votre programme en novembre, la gauche critiquait le manque de chiffrage. Comptez-vous sortir un nouveau programme, plus chiffré cette fois ?

Pierre-Yves Bournazel : Nous sommes dans un calendrier différent du leur. Nous, nous avons fourni les grands axes. Courant janvier nous sortirons un programme chiffré. Mais nous pouvons d’ores et déjà assurer qu’il n’y aura aucune hausse d’impôts car les classes moyennes et populaires sont aujourd’hui suffisamment asphyxiées par les impôts. Nous allons investir dans la qualité de vie des Parisiens et nous donnerons des réponses en matière d’économie, notamment en développant l’attractivité économique de la ville. Notre projet donnera des explications claires sur le financement. La valeur des dépenses sera chiffrée et surtout, la diminution des dépenses de la ville sera évaluée.

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