Présidentielle : Hollande propose une réforme du quotient familial, l’UMP monte au créneau.
Publié le Par Jennifer Declémy
En plein débat sur la TVA sociale et la taxe sur les transactions financières, François Hollande propose de réformer le quotient familial, et déclenche un tollé à l'UMP
C’est devenu la logique même de cette élection présidentielle qui consiste pour chaque camp à démolir celui qui se trouve en face, aussitôt qu’une proposition a été formulée, et en utilisant toujours un ton suffisamment dramatique pour effrayer les électeurs. On en a eu une nouvelle illustration aujourd’hui, avec la proposition du camp socialiste de réformer le quotient familial, ce qui a suscité aussitôt une levée de boucliers de la part de leur adversaire de droite.
Comme d’habitude c’est violent et immédiat, ça part des plus hauts sommets de l’état pour être relayé par tous les ministres, élus et snipers de l’UMP. Le sujet en cause ? Une proposition du candidat socialiste, celle de modifier le quotient familial.
Cela fait plusieurs mois que François Hollande annonce, en cas d’élection à la présidence de la république, que son premier grand chantier sera celui de la réforme fiscale, et notamment du quotient familial. Evoquée par Michel Sapin hier, puis confirmée par Manuel Valls aujourd’hui, la réforme du quotient familial, ce système qui a été mis en place après la Seconde Guerre Mondiale, serait donc une priorité pour François Hollande qui veut remplacer le quotient familial actuel par un crédit d’impôts pour chaque enfant, ce qui reviendrait en fait à transférer environ 3,5 milliards d’euros des ménages les plus aisés vers les ménages les plus modestes. Comme se vante Michel Sapin, « cela aurait un effet redistributif massif ».
Concrètement, 18% des ménages les plus modestes verraient leurs revenus annuels augmenter d’environ 829 euros, alors que les ménages les plus riches eux verraient leurs revenus annuels baisser de 931 euros. Le but à travers cela serait de retrouver du pouvoir d’achat, tout en allouant aux familles concernées un crédit impôt de 607 euros par enfant.
En sachant que le mode de calcul annuel actuel du quotient familial coûte environ 10 milliards à l’état, des propositions de réforme ou de transformation avaient déjà été lancées, et même le Trésor trouve que cette proposition n’est pas dénuée de sens, si elle est correctement appliquée. François Hollande propose également que des mécanismes de « lissage » soient introduits dans la réforme pour atténuer, pour les ménages les plus riches, l’impact de ce qui serait finalement une hausse d’impôt pour eux.
Cependant la droite, qui reprochait violemment au candidat socialiste de ne pas faire de propositions, est violemment partie à l’attaque en apprenant cela, accusant le député de Corrèze de vouloir « détruire la politique familiale ». C’est Nicolas Sarkozy en personne qui a sonné la charge ce matin, en affirmant lors de ses vœux solidaires à Mulhouse, que réformer le quotient familial était une folie, « aurait des conséquences dramatiques ». Lui-même et les membres de la majorité ont donc insisté toute la journée sur cet « acquis majeur de notre modèle social » démontrant le « succès de notre politique familiale qui nous est enviée dans tout le monde ». Et cet après-midi, durant les Questions au Gouvernement, à l’Assemblée Nationale, les députés UMP (dont Jean-François Copé qui était exceptionnellement présent) en ont profité, en chœur avec leurs ministres, pour critiquer une telle proposition.
Ce qui aurait pu être un débat de fond, et un débat majeur, portant sur une réforme de la fiscalité française qui devient absolument nécessaire aujourd’hui, est devenu en un rien de temps un sujet de polémique supplémentaire, polarisant l’attention sur les deux principaux camps, au détriment des autres candidats, tout en n’offrant aucune discussion, juste des envolées médiatiques ayant pour seul objectif de détruire l’adversaire. Et si les deux camps recentraient l’attention sur le fond des choses pour offrir un véritable débat aux français ?