Jeudi 23 juin : ça passe ou ça casse
Publié le Par Fabrice Bluszez
Fabrice Bluszez
En décidant d'interdire la manifestation prévue par sept syndicats au départ de la place de la Bastille, le gouvernement prend de gros risques. Une manifestation statique serait sans doute pire.
Organisée par la CGT, Force ouvrière, la FSU, Solidaires, l'UNEF, la FIDL, l'UNL, la manifestation Bastille-Nation contre la loi El Khomri pourrait être limitée à un rassemblement statique ou être tout simplement interdite, une première depuis 1967. Le parcours est pourtant le même que pour celle du 1er mai, qui s'était plutôt bien passée, malgré quelques incidents sporadiques à Nation, rapidement maîtrisés.
Le gouvernement propose un rassemblement statique à Bastille (photo F. Bluszez).
Les risques d'incidents violents
Si la manifestation veut se mettre en mouvement, il faudrait empêcher physiquement les leaders de sept syndicats d'entrer sur le boulevard Diderot, au sud de la place de la Bastille, à 100 mètres du bassin de l'Arsenal. Le leader de la CGT, Philippe Martinez (en photo), ou d'autres responsables syndicaux matraqués par la police ? Les images seraient terribles pour un gouvernement socialiste.
Autre risque : les casseurs seuls s'en prennent d'abord aux forces de l'ordre. Cela créerait un trouble dans un endroit dangereux, à cause du bassin de l'Arsenal et la présence, derrière, de milliers de gens venus manifester pacifiquement sur une place verrouillée, une nasse.
Si le gouvernement laisse passer, il lui faut prévoir à l'avance des forces de l'ordre en nombre. Au 1er mai, sur le même parcours, pour un défilé traditionnel et massif, il en disposait et n'a pas été débordé. Mais en mai, il n'y avait pas l'Euro de foot, il n'y avait pas eu Magnanville et la police n'était pas à bout au point de manifester publiquement son mécontentement.
Que risque-t-on à participer à une manifestation interdite ?
1er mai, place de la Nation : quelques attaques sporadiques de casseurs qui reviennent rapidement sur le centre de la place, au milieu des manifestants (photo F. BLuszez).
Paradoxalement, c'est dans Le Figaro qu'on trouve des indications juridiques précieuses en cas de manifestation interdite. Premier rappel du droit :
Une déclaration en préfecture ou en mairie doit être déposée entre 15 et 3 jours avant la date de la manifestation. Si l'autorité publique estime que le rassemblement est «de nature à troubler l'ordre public», elle peut décider de l'interdire par un arrêté.
Selon que vous êtes organisateur, participant ou participant armé, tout change.
- En cas de violation de l'interdiction, les organisateurs encourent une amende de 7.500 € et six mois d'emprisonnement selon les dispositions de l'article 431-9 du Code pénal.
- Les participants encourent une contravention de première classe, autrement dit une amende... de 11 €, selon l'article R 610-5 du Code pénal.
- La possession d'une arme aggrave sérieusement votre cas : trois ans d'emprisonnement et 45.000 € d'amende, selon l'article 431-10 du Code pénal.
Place de la Nation, le 1er mai, la situation avait été facilement maîtrisée par la gendarmerie puis les CRS (photo F.Bluszez).