Pollution : Anne Hidalgo précise sa lutte contre le diesel
Publié le Par Antoine Sauvêtre
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Le plan antipollution de la capitale sera le grand sujet du prochain Conseil de Paris (9-10 février). Avant sa présentation complète, Anne Hidalgo en a précisé les contours dans une interview au Monde, notamment concernant la sortie du diesel.
Lutter contre la diésélisation du parc automobile « est un enjeu de santé publique majeur ». Voilà ce qui motive Anne Hidalgo dans sa lutte contre la pollution à Paris. Responsable de 25% des émissions de particules fines PM10 en Ile-de-France, le trafic routier est le principal cheval de bataille de la mairie.
Et l’enjeu est de taille. Paris organisera la 21ème conférence climat à la fin de l’année 2015. « Nous ne pouvons être en dessous de l’ambition qui sera portée par la France » lors de ce grand rassemblement pour l’écologie, argue-t-elle dans une interview au Monde. Pour être à la hauteur, la maire de Paris vise principalement les véhicules diesel. Elles souhaitent les interdire dans la capitale dès 2020.
« Zone à basse émission »
D’ici là, l’édile souhaite procéder par étape. « Comme l’ont déjà fait près de 200 villes européennes », Anne Hidalgo veut d’abord mettre en place une « zone à basse émission ». Concrètement, un périmètre de la capitale sera interdit à la circulation des véhicules au moteur les plus polluants, « diesel comme essence ». Les cars et les poids-lourds seront les premiers concernés puisque l’édile souhaite les proscrire dès le 1er juillet 2015. Les véhicules personnels seront également concernés par cette interdiction à partir du 1er juillet 2016.
Si le périmètre concerné reste à déterminer avec l’Etat, Anne Hidalgo souhaite qu’il soit « dans un premier temps applicable à l’ensemble de Paris, à l’exception du périphérique et des bois de Paris ».
Inciter les professionnels
Pour inciter les professionnels du transport à utiliser des véhicules propres, l’édile prône le dialogue. S’estimant « garante de la bonne poursuite de l’activité » des professionnels, elle leur a proposé une aide financière lors d’une discussion avec la chambre des métiers et les syndicats. Au total, l’aide des pouvoirs publics pourraient atteindre 50% du prix d’achat de véhicules propres par les commerçants. Pour l’autre moitié, les banques seraient mises à contribution en mettant en place un crédit à taux préférentiel.
Les villes, à commencer par Paris, devront montrer l’exemple. D’ici la fin de l’année, « plus aucune fourgonnette au diesel [ne sera] présente dans le parc de la ville », espère-t-elle. Pour cela, elle réunira les maires des villes françaises et européennes le 26 mars. L’objectif : grouper les achats de véhicules propres pour obtenir des prix cassés.
Accompagner les usagers
La mairie n’oublie pas les particuliers. Financièrement d’abord, en donnant un coup de pouce à l’achat de véhicules peu ou pas polluants (vélo ou voiture), aux abonnements Autolib’ ou en remboursant le forfait Navigo. Les copropriétés pourraient également bénéficier d’un « accompagnement financier » pour l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques ou pour construire des abris vélos sécurisés.
Au niveau des services ensuite, en déployant des bornes de recharge électrique « avec des tarifs attractifs ». Mais aussi en développant l’autopartage, soit par l’Autolib’, soit en collaboration avec des sociétés privées spécialisées.
Enfin, les usagers de voitures électriques, gaz ou hybrides rechargeables profitent d’ores et déjà du stationnement gratuit et de tarifs préférentiels pour recharger leur batterie, notamment la nuit. Coût total de ces mesures : « plus de 5 millions d’euros en année pleine ».
Elargir au Grand Paris
Si Paris « doit jouer un rôle d’éclaireur », Anne Hidalgo compte bien élargir ces dispositifs aux autres communes du Grand Paris. Les aides financières notamment, s’adressent également aux professionnels de la petite couronne. Le 9 janvier dernier, les maires de la métropole étaient d’ailleurs réunis pour en discuter. A terme, « toutes les collectivités qui le souhaitent » seront invitées à mettre en place ces dispositifs « dès que la loi sur la transition énergétique sera promulguée ».