Taxe de séjour en Ile-de-France : Anne Hidalgo arrondit les angles avec le gouvernement
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Parti socialiste - flickr
En adoptant un amendement du gouvernement qui supprime la création d’une nouvelle taxe de séjour, les députés ont envoyé Anne Hidalgo, fervente défenseur de cette taxe, dans les cordes. Mais la maire de Paris la joue fair-play.
Les députés avaient donné espoir à la mairie de Paris et à la région Ile-de-France en introduisant deux mesures concernant la taxe de séjour dans la loi de finances rectificative 2014. L’une devait relever le plafond de la taxe de séjour déjà en place de 1,50 euros à 8 euros, laissant plus de marge aux municipalités, bénéficiaires de cette taxe. L’autre devait créer une nouvelle taxe régionale sur les hébergements touristiques en Ile-de-France uniquement, d’une valeur de 2 euros par nuitée, afin de financer les transports en communs, notamment dans le cadre du Grand Paris Express.
Le gouvernement refuse
Jusqu’ici, le gouvernement ne semblait pas contre ces dispositifs. Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget ayant annoncé qu’il allait s’en remettre « à la sagesse de l’Assemblée ». Mais le ministre des Affaires étrangères et du Tourisme, Laurent Fabius, et celui de l’Economie, Arnaud Montebourg, alertés par les hôteliers, sont montés au créneau. Dans l’urgence, ils ont demandé aux députés de revenir sur leur décision et de voter les amendements gouvernementaux qui suppriment l’une et l’autre des taxes. Ce que les élus, majoritairement ceux de l’opposition, ont fait mardi 15 juillet pour le plafond de la taxe, et le lendemain pour la taxe en Ile-de-France.
Un échec pour Anne Hidalgo…
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a toujours défendu l’idée de relever la taxe de séjour pour compenser notamment la baisse des dotations de l’Etat pour les communes. La suppression de la mesure consistant à moderniser la taxe sur les hébergements touristiques représente donc un échec pour l’édile socialiste qui « regrette la position adoptée par le gouvernement […] alors même que [cette taxe] n’a pas été réévaluée depuis plus de dix ans ». Anne Hidalgo, qui rappelle qu’ « une solution de compromis, travaillée avec le gouvernement, avait pourtant été trouvée afin de garantir le financement de l’attractivité touristique de la capitale et le plan de développement des transports en Ile-de-France », aurait donc eu toutes les raisons d’aller au clash avec le gouvernement socialiste.
… qui salue pourtant le gouvernement et les députés
Oui mais voilà, un conflit entre la mairie socialiste de Paris et un gouvernement du même bord fait mauvais genre. Alors, l’édile cherche des motifs de satisfaction pour arrondir les angles. « Je prends acte et me félicite des engagements pris en séance au nom du gouvernement par Christian Eckert », martèle-t-elle dans un communiqué. Selon elle, le secrétaire d’Etat au Budget « a rappelé que le ‘gouvernement souhaite que le travail continue, [qu’]il prend acte des travaux parlementaires, qui sont une bonne base de travail’ et que ‘le gouvernement s’engage, d’ici la loi de finances initiale, à continuer à travailler pour atteindre deux objectifs, le financement des villes touristiques et celui des infrastructures de transport’ ».
Avant de continuer : « j’accueille également avec satisfaction l’initiative du groupe socialiste qui souhaite faire des propositions, dès la rentrée prochaine, dans ce sens » et « je salue l’engagement du Premier ministre de réformer la fiscalité des hébergements touristiques dans le cadre du projet de loi de finances qui sera présenté à l’automne prochain ». Circulez, y’a rien à voir.