Dopage : la commission d'enquête du Sénat au rapport [document]
Publié le Par Gaspar S.
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La commission d'enquête du Sénat a remis aujourd'hui les conclusions de son rapport. 60 propositions sont avancées pour lutter contre le dopage. Le rapporteur se demande également si certaines icônes de l'équipe de France de football n'ont pas été ''épargnées'' en 1998...
Selon les conclusions du président de la commission et du rapporteur du texte publié ce 24 juillet, la France conserve «une politique antidopage de qualité» mais rencontre néanmoins «des difficultés réelles, expliquant pourquoi la lutte a encore souvent un temps de retard sur le dopage». Le président du rapport [document], Jean-François Humbert (UMP) et le rapporteur Jean-Jacques Lozach (PS) ont, par exemple, fait le constat que «les pouvoirs publics n'ont pas une bonne connaissance statistique, ni des pratiques dopantes, ni des trafics qui y sont liés».
Les sénateurs estiment également que la politique du ministères des Sports est «trop peu dynamique et mal ciblée» pour n'avoir «pas su dégager des lignes directrices pertinentes ou des outils efficaces». En outre, il est estimé que le laboratoire d'analyse français, qui «est toujours reconnu au niveau international», ne fait pas d'efforts suffisants «par rapport à d'autres laboratoires, notamment européens». De surcroît, Jean-François Humbert et Jean-Jacques Lozach affirment que «la politique de sanction mériterait quant à elle d'être clarifiée». Selon eux, «le partage des compétences actuelles entre les fédérations et l'AFLD nuit clairement à l'uniformisation des sanctions, mais surtout à leur diversité».
En se fondant sur ces constats, la commission d'enquête a fait 60 propositions visant «avoir une longueur d'avance sur le dopage» et fondée sur «sept piliers» ainsi déclinés par la commission d'enquête du Sénat : «Une meilleure connaissance du dopage, une politique de prévention à rebâtir, un ciblage renforcé des contrôles, une optimisation des analyses, un panel de sanctions plus étoffé, une pénalisation des trafics plus fine, et surtout une coordination beaucoup plus organisée entre autorités antidopage et services de police et de gendarmerie.»
Des questions sur l'équipe de France 98
Concrètement, ces propositions portent, par exemple, sur le calendrier des sportifs. Celui-ci est jugé trop chargé et favorisant donc le dopage. Aussi, la commission propose que s'établisse un procédure de validation des calendriers sportifs par le ministères des Sports. On ignore encore si par, exemple, des étapes du Tour de France cycliste vont être raccourcies – une idée parfois évoquée. En outre, le rapport préconise la création d'une commission «vérité et réconciliation» au sein de laquelle s'établirait une liberté de parole permettant de comprendre les mécanismes du dopage. Il est également suggéré de nommer des responsables régionaux de la lutte antidopage à temps plein.
Par ailleurs, le rapport contient, en annexes, les bordereaux – qui font beaucoup parler – permettant d’identifier des coureurs des Tours de France 1998 et 1999 ayant eu recours à l’EPO. Y apparaissent les Français Laurent Jalabert, Jacky Durand – jusqu'alors considéré comme un baroudeur honnête – et Laurent Desbiens. L’Italien Marco Pantani et l’Allemand Jan Ullrich, figurent eux aussi parmi les cyclistes dopés à l’EPO durant l’épreuve 1998.
Par ailleurs, Jean-Jacques Lozach, qui a fait état de nombreuses «pressions» pendant la rédaction du rapport, a affirmé lors de la remise du texte qu'on pouvait se demander, après les 83 auditions, si «certaines icônes» de l'équipe de France de football de 1998 n'avaient pas été sciemment «épargnées» par la lutte antidopage... Il a notamment relaté la très mauvaise collaboration entre l'encadrement de l'équipe de France d'alors et le ministère des Sports qui, lui, entendait pratiquer des contrôles inopinés.