Tour de France : cinq pour le Jaune et des Bleus ambitieux
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
TOUR DE FRANCE
Cinq candidats au maillot Jaune, des Français ambitieux, huit étapes de montagne et quatre arrivées au sommet, le 103e Tour de France s'est élancé ce samedi du Mont-Saint-Michel.
Pour un peu, on remettrait le couvert de 2015. En clair, à la veille du départ du Tour de France au Mont-Saint-Michel (2-24 juillet), on retrouvera à très peu de choses près les mêmes protagonistes : les mêmes favoris, les mêmes Français, les mêmes sprinteurs, les mêmes baroudeurs, les mêmes espoirs, les mêmes ambitions, les mêmes objectifs, etc…
Mais, quel qu’il soit, et malgré la répétition depuis quelques années d’une course stéréotypée, en plaine comme en montagne, avec ses échappées d’aventuriers vouées à l’échec face aux trains des sprinters et ses longues approches cadenassées des sommets précédant de trop courtes joutes des cadors montagnards, un Tour ne ressemble jamais à ceux d’avant.
Cette année donc, la 103e édition, conçue par Christian Prudhomme et son équipe d’ASO (Amaury Sport Organisation) favorisera à coup sûr les grimpeurs, les coureurs complets et, avant tout, la bande des cinq candidats à la plus haute marche du podium. Mais il permettra également à quelques baroudeurs ou seconds couteaux de réussir quelques coups et -pourquoi pas- de troubler la moisson annoncée des favoris. Enfin, cette année, on se réjouira à l’avance des ambitions d’une armada de jeunes Français enfin décomplexés après des années sombres qui les faisaient douter de leur talent. Revue de détail.
LES CINQ. Ils sont cinq à prétendre arriver en jaune sur les Champs-Elysées.
Tête de liste, le Britannique Christopher Froome (Sky) qui ambitionne un triplé (après 2013 et 2015). Par deux fois déjà, il lui a suffi d’un coup d’accélérateur (à La Pierre-Saint-Martin en 2015) pour asseoir sa position avant de contrôler les opérations. Reste à savoir si sa préparation, différente des autres années car axée pour mieux passer la troisième semaine où il a régulièrement subi des coups de moins bien, sera efficace. Dernier atout, une équipe, certes pas appréciée pour son côté ‘’Je-sais-tout’’ mais diantrement bien armée avec les Thomas, Landa, Henao et autre Poels.
Face à l’épouvantail britannique, le Colombien Nairo Quintana (Movistar), deux fois deuxième du Tour (2013 et 2015) rêve en jaune. Comme l’année dernière, il ambitionne d’être le premier Colombien à remporter le Tour. Il s’est préparé chez lui, à 3000 mètres d’altitude, après avoir remporté les tours de Catalogne et de Romandie mais a moins couru. Froome en a fait son rival numéro un. Epaulé par le combatif Valverde qui pourra, à l’occasion faire diversion, le Colombien a de beaux atouts.
Troisième larron, l’infatigable et opiniâtre Alberto Contador (Tinkoff). Il n’a certes pas la même explosivité qu’il y a quelques années, mais il demeure toujours capable de grandes envolées et possède un sens tactique indéniable. 4e en 2015, il avait subi le contre-coup de ses efforts pour gagner le Giro. Il sera à coup sûr plus frais cette année.
3e en 2014, 10e l’année dernière, le Français Thibaut Pïnot (FDJ) ralliera les suffrages des supporters français. Un coup de malchance sur les pavés et un jour sans dans la première étape pyrénéenne la empêché de postuler au podium en 2015. Mais il a prouvé dans la dernière semaine qu’il fallait compter avec lui. Cette année, il a fortement progressé dans le contre-la-montre (1er à celui de Romandie et champion de France) et tout son équipe courra pour lui. Il sera étroitement surveillé.
Dernier de la bande des cinq, et petit nouveau sur la Grande Boucle, Fabio Aru (Astana). Avec une victoire sur la Vuelta (2015) et des podiums sur le Giro (3e en 2014 et 2e en 2015), le surdoué italien a le potentiel pour passer trois semaines avec les meilleurs. Reste à savoir s’il saura résister à la pression et à la tension du Tour. Mais il pourra compter sur une équipe très homogène avec Vincenzo Nibali en capitaine de route (vainqueur du Giro) mais encore Luis-Leon Sanchez, Jakon Fuglsang et l’expérimenté Tiralongo.
LES FRANCAIS. Chez les Bleus, si Thibaut Pinot semble la meilleure chance de podium (lire ci-dessus), on placera Romain Bardet (AG2R) un petit cran au dessous. Mais attention, il reste capable d’un grand coup d’éclat. Seul (petit) défaut, il peut s’enflammer trop vite et manque encore de régularité. Référence cette année, sa 2e place derrière Froome au Dauphiné, ce qui n’est pas rien…
Pierre Rolland (Cannondale), qui a quitté Jean-René Bernaudeau pour l’équipe américaine, constitue l’inconnu du clan français. Il s’est beaucoup entraîné en stage, et n’a pas trop couru. Il se présentera donc en état de grande fraîcheur et l’Orléanais peut briller dans les arrivées au sommet.
Deux coureurs seront particulièrement observés cette année. Warren Barguil (Giant-Alpecin) d’abord, qui, après avoir été renversé par une voiture en début de saison, a patiemment et efficacement remonté la pente avec à la clé une 3e place au Tour de Suisse. Dur au mal, au sens tactique aiguisé et malin quand il le faut, c’est un coureur comme les aime Bernard Hinault, c’est tout dire. Même chose pour Julian Alaphilippe (Etiix-Quick Step) qui, après s’être révélé dans les classiques en 2015, a récidivé au printemps (2e de la Flèche Wallonne) avant de se montrer à l’aise dans une course par étapes comme le Tour du Colorado qu’il a remporté. Pour sa première apparition dans le Tour, on attendra de lui d’accompagner les meilleurs et de viser une belle étape. Ce sera également le cas de Tony Gallopin (Lotto-Soudal) dont on se souvient qu’il avait porté le Maillot Jaune une journée en 2014 (avec à Oyonnax) et qu’il avait remarquablement passé les Pyrénées en 2015 avant de lâcher prise. Le coureur de l’Essonne aura des étapes à convenance et il n’hésitera pas à en profiter
Enfin Bryan Coquard (Direct Energie), 2e en 2015 sur les Champs et, fort de 13 succès depuis le début de saison, sera, en l’absence de Bouhanni (Cofidis) forfait, le sprinter français à suivre. Il ne dispose certes pas d’un train comme Kittel, Greipel, Degenkolb ou Kristoff et manque un tantinet de puissance mais sa vélocité et l’art de se faufiler peuvent lui permettre d’en ‘’taper une’’.
On citera encore chez les bleus, les deux Alexis d’AG2R), Vuillermoz et Gougeard, Christophe Laporte (Cofidis), tous jeunes et sans complexe, et les ‘’anciens’’ Thomas Voeckler et Sylvain Chavanel (Direct Energie), voire Arthur Vichot (FDJ), récent champion de France.
A SUIVRE. Outre les favoris cités précédemment, quelques autres coureurs seront suivis avec intérêt. Les Tinkoff, Peter Sagan (Tinkoff) qui visera cette année encore le maillot vert, Rafael Majka et Roman Kreuziger qui seront des atouts précieux pour Contador, le Lotto-Jumbo Wilco Kelderman, le Néerlandais qui monte, le grimpeur de Trek, Bauke Mollema, le duo de BMC, Richie Porte et Tejay Van Garderen qui peuvent profiter des défaillances des favoris et le Portugais de la Lampre, Rui Costa. On n’oubliera pas enfin le Suisse Fabian Cancellara (Trek) qui courra son dernier Tour et le Britannique Mark Cavendish (Dimension data) qui, piloté par son lanceur de toujours Mark Renshaw, pourrait porter son total d’étapes à vingt-huit et rejoindre ainsi Bernard Hinault.
LES ETAPES
1re étape, samedi 2 juillet : Mont-Saint-Michel – Utah Beach Sainte-Marie-du-Mont, 188 km.
2e étape, dimanche 3 juillet : Saint-Lô – Cherbourg-Octeville, 183 km.
3e étape, lundi 4 juillet : Granville – Angers, 223,5 km.
4e étape, mardi 5 juillet : Saumur – Limoges, 237,5 km.
5e étape, mercredi 6 juillet : Limoges – le Lioran, 216 km.
6e étape, jeudi 7 juillet : Arpajon-sur-Cère - Montauban, 190,5 km.
7e étape, vendredi 8 juillet : L’Isle Jourdain – Lac de Payolle*, 162,5 km
8e étape, samedi 9 juillet : Pau – Bagnères-de-Luchon*, 184 km.
9e étape, dimanche 10 juillet : Vielha-Val d’Aran (Espagne) – Arcalis (Andorre)**, 184 km.
Lundi 11 juillet : repos en Andorre.
10e étape, mardi 12 juillet : Escaldes-Engordany (Andorre) - Revel, 197 km.
11e étape, mercredi 13 juillet : Carcassonne – Montpellier, 162,5 km.
12e étape, jeudi 14 juillet : Montpellier – Mont Ventoux**, 184 km.
13e étape, vendredi 15 juillet : Bourg-Saint-Andéol – Caverne du Pont d’Arc, 37,5 km (CLM).
14e étape, samedi 16 juillet : Montélimar – Villars-les-Dombs/Parc des oiseaux, 208,5 km.
15e étape, dimanche 17 juillet : Bourg-en-Bresse – Culoz*, 160 km.
16e étape, lundi 18 juillet : Moirans-en-Montagne – Berne (Suisse), 209 km.
Mardi 19 juillet : repos à Berne.
17e étape, mercredi 20 juillet : Berne – Finhaut-Barrage d’Emosson**, 184,5 km.
18e étape, jeudi 21 juillet : Sallanches – Megève, 17 km (CLM).
19e étape, vendredi 22 juillet : Albertville – Saint-Gervais Mont-Blanc**, 146 km.
20e étape, samedi 23 juillet : Megève – Morzine*, 146,5 km.
21e étape, dimanche 24 juillet : Chantilly – Paris Champs-Elysées, 113 km.
* Etape de montagne ; ** arrivée au sommet.