SportHebdo : Bernie, Vincent, Michel et les autres
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Une saison de F1 ennuyeuse, Canal+ qui se fait piquer le foot anglais, ‘’notre’’ Platini presque hors-jeu, la mer n’est pas tranquille pour trois acteurs du sport mondial.
Ennui. Dix-neuf grands prix : seize gagnés (dix pour Lewis Hamilton, six pour Nico Rosberg), douze doublés, six pole-positions consécutives pour Rosberg… Et bien sûr, deux nouveaux titres mondiaux, celui des pilotes pour Hamilton et celui des constructeurs pour Mercedes. N’en jetez plus!! Les Mercedes ont endormi la F1 ne laissant que de rares miettes aux autres, à Ferrari essentiellement! Ajoutez des bolides de plus en plus fiables conduits comme en simulateur, des dépassements au pilotage rarissimes sauf en ligne droite grâce au DRS, des réglages en course télémétrisés, des changements de pneus et des ravitos de deux secondes, des stratégies de course logiciélisées… Oubliées les sorties de route, les moteurs en feu, les freins qui chauffent, les boîtes qui s’enflamment et les pilotes qui… pilotent. Vous avez vu où il est Alonso, peut-être le meilleur volant ? La F1 n’est plus qu’un voyage au bout de l’ennui. Hé ! Bernie (NDLR : Ecclestone, patron de la F1), ça t’inquiète pas tout ça ?
Perdu. Canal+, c’était les Guignols pour tous ; ils vont revenir mais cryptés. Canal+, c’était un Grand Journal sérieusement déjanté ; ce n’est plus qu’un talk-show parmi tant d’autres. Mais Canal+, c’était aussi un autre regard sur le sport… Une référence. C’était, bien sûr, beaucoup le foot : la L1, la Ligue des champions, le championnat anglais… Qu’en reste t-il aujourd’hui ? La L1, c’est avec parcimonie, la Ligue des champions, idem. Et la Premier League, c’est terminé ! Vincent Bolloré, qui avait pourtant affirmé sa priorité au sport, n’a rien vu venir. Et surtout pas les 100 millions de droits que versera Altice (Ma chaîne sport, SFR, Numéricable). Il se chuchote que Canal+ et BeIn Sport avaient conclu un pacte de non agression… C’était sans compter sur l’ambitieux et opportuniste Patrick Drahi qui vient de se payer le meilleur championnat du monde au nez et à la barbe de l’historique Canal et du très riche BeIn. Et ce sera 7 euros de plus par mois ! Hé ! Vincent, on fait quoi ?
Abusé. Réglement de compte, coup monté, complot, c’est comme vous voulez ! Déjà suspendu trois mois, Michel Platini est maintenant sous le coup d’une radiation à vie requise par la commission d’éthique de la FIFA. Sepp Blatter, qui n’en est plus à une malice près, a beau le réhabiliter (« Platini est un homme honnête ») après l’avoir enfoncé, Jacques Vendroux a beau défendre son ami, ‘’Platoche’’ s’est simplement laissé abuser par les pratiques courantes du foot et de l’argent-roi. Mais nom d’une pipe, quand on a été le meilleur footballeur du monde, qu’on a maîtrisé l’organisation du Mondial 98, qu’on est devenu un dirigeant compétent, un président européen reconnu, qu’on ambitionne la plus haute responsabilité mondiale et, qui plus est, quand on a créé contre la puissance des clubs le fair-play financier, on n’accepte pas un chèque de deux millions, même suisses, de la main à la main en récompense d’on ne sait quelles missions ! Hé ! Michel, t’as mal à ton foot…
Hasards… Curieux hasard ! Le jour même où L’Equipe magazine le plaçait dans le ‘’Top 5 des hommes les plus forts du moment’’, Vladimir Klitschko cédait son titre mondial des lourds. Il y avait onze ans, depuis 2006, que l’Ukrainien n’avait pas perdu un combat, période pendant laquelle il avait aligné dix-neuf victoires et porté la ceinture mondiale de la catégorie. Mais s’il a rejoint le légendaire Joe Louis (champion du monde de 1937 à 1949), dans la durée de détention d’un titre, il ne pourra désormais plus l’égaler, en concédant samedi la quatrième défaite (en 67 combats quand même !) de sa carrière contre seulement trois à l’Américain. A Dusseldorf donc, Klitschko, malgré 54.000 spectateurs tout acquis à sa cause, a dû s’incliner. Au fait, son vainqueur, un Anglais de 27 ans, insensible aux huées et provocateur en diable, a un nom prédestiné et un prénom qui n’est pas sans rappeler un autre grand « prédateur » des rings : avec Tyson Fury, il n’y a pas de hasard !
Temps forts. C’est fait ! La Grande-Bretagne a remporté la Coupe Davis en battant la Belgique (3-1) à Gand. Les Britanniques l’attendaient depuis… 1936. Grand artisan de cette victoire historique, l’Ecossais Andy Murray, numéro 2 mondial, qui n’a perdu aucun match dans cette édition 2015. En rugby, le Racing et Toulon ont marqué le week-end. Les Parisiens ont célébré à leur façon l’arrivée de Dan Carter en dominant Toulouse (28-13) ; quant aux Méditerranéens, ils ont ridiculisé des Clermontois inexistants (35-9) ; cette défaite des Auvergnats est la plus lourde enregistrée dans leur antre du stade Michelin. En football, rien ne va plus pour Lyon qui, après son élimination européenne, se fait étriller à domicile par Montpellier (2-4). A l’inverse, tout va bien pour Caen, désormais 2e de L1, après son probant et enthousiaste succès (4-1) en Gironde face à des Bordelais guère mieux lotis que les Lyonnais. Enfin, Angers, 3e, se réveille et retrouve ses qualités en s’imposant devant Lille (2-0), juste avant d’accueillir mardi le PSG dans un match de gala que tout l’Anjou attend.