PSG : Après l’élimination, la remise en question
Publié le Par Raphaël Didio
AFP/Thierry Zoccolan
Après son élimination mardi soir en quart de finale de la Coupe de la Ligue aux tirs au but à Saint-Etienne (0-0, 5-3 TAB), Paris pointe comme prévu à la seconde place du championnat après la victoire de Lyon à Marseille mercredi soir (1-4). Une remise en question s’impose pour les troupes de Carlo Ancelotti.
Quand les résultats ne tournent pas, la manière est toujours pointée du doigt. Depuis le début de la saison, le jeu mis en place par Carlo Ancelotti ne satisfait personne. Pis encore, le début de saison du PSG ne convainc personne. Avec son recrutement faramineux, quasi tous les acteurs du ballon rond pensaient voir un PSG rouler aisément sur la Ligue 1. Malgré la qualification pour les 1/8ème de finale de la Ligue des Champions – dans une poule relativement aisée – Paris s’est fait éliminer mardi lors des quarts de finale de la coupe de la Ligue et a perdu sa première place (virtuelle) mercredi aux dépends de Lyon, victorieux 4-1 au Stade Vélodrome de Marseille.
Si la Coupe de la Ligue n’est pas forcément l’un des objectifs majeurs du club, l’élimination détonne avec les ambitions du club et l’équipe alignée par Ancelotti. Malgré quelques changements au coup d’envoi, plusieurs titulaires récurrents étaient alignés : Ibrahimovic, Thiago Silva, Matuidi, Lavezzi, Ménez, Sakho, Maxwell et Jallet, les seuls Douchez, Armand et Chantôme participant au turn-over. Preuve que cette coupe de la Ligue n’était pas une compétition négligée par le PSG. Surtout, Paris n’a toujours pas rassuré dans le jeu. Les deux plus grosses occasions du match sont pour Ibrahimovic, sur deux grosses bévues de la défense stéphanoise (Bayal à la 10ème, Clerc à la 104ème). Paris a dominé sans panache, tournant le ballon et voyant Zlatan s’agacer au fil des minutes.
Car l’un des problèmes de ce PSG, c’est bien – et c’est étrange à dire – Zlatan Ibrahimovic. Si l’attaquant est impressionnant niveau stat, il semble toutefois en-deçà des attentes espérées sur 90mn et plus. Mardi, il manque un face à face « facile » en début de la rencontre, trois jours après en avoir raté un autre face à Troyes. Rajoutez à ça beaucoup d’imprécisions dans ses transmissions, son pressing et ses replis défensifs inexistants, sa faculté à vampiriser toutes les actions et à invectiver ses coéquipiers dès qu’un ballon n’arrive pas correctement. « Pocho » Lavezzi doit d’ailleurs encore en cauchemarder, en atteste son visage déconfit après sa passe un chouïa trop forte à la 104ème qui provoque l’ire d’Ibrahimovic.
Zlatan se présente seul face à Ruffier à la 10ème et échoue. Le tournant du match. Crédits : Reuters
Paris n’impose pas son jeu
Au-delà du match à Saint-Etienne – qui n’est pas non plus une véritable contre-performance – Paris ne dispose jusqu’à présent d’aucun match référence à faire valoir, hormis le match de Ligue des Champions au Parc, face au Dynamo Kiev (victoire 4-1). En championnat, excepté le match remporté à Lille et celui contre Toulouse, Paris s’est uniquement imposé face à du menu fretin, sans avoir forcément brillé : Bastia, Sochaux, Reims, Nancy et Troyes. Soit trois promus et deux équipes luttant pour la relégation. Face à des équipes au niveau plus relevés, les Parisiens n’ont pas su élever leur niveau de jeu : nuls face à Bordeaux et Marseille, défaites au Parc contre Saint-Etienne et Rennes.
Il faut dire que Paris compte seulement 10 joueurs du groupe pro (sur 29, sans compter Rabiot ni Aréola) évoluant au club depuis plus de deux saisons (Sakho, Tiéné, Camara, Armand, Jallet, Bodmer, Nenê, Chantôme, Hoarau et Luyindula) la plupart ne jouant que des miettes voire absolument pas. 9 ne sont là que depuis l’été 2011 (Sirigu, Douchez, Le Crom, Lugano, Sissoko, Ménez, Matuidi, Pastore et Gameiro) et 8 autres depuis moins janvier dernier ou cet été (Thiago Silva, Alex, Maxwell, Van der Wiel, Thiago Motta, Verratti, Lavezzi et Ibrahimovic). Plus de la moitié de l’effectif a donc subi un bouleversement en l’espace d’une saison et demie, auquel on peut rajouter la récente arrivée d’Ancelotti.
Les nouvelles méthodes de travail du technicien Italien et son staff – du jamais vu en France - l’absence d’un groupe majoritairement au complet et complètement renouvelé, un onze type qui n’a encore jamais vu le jour, une pression exacerbée compte tenu des moyens mise en place, le PSG qui reste le PSG et l’échec de la saison passée en Ligue 1… Vous avez là tous les ingrédients qui font que Paris ne pointe pour le moment qu’à la seconde place du championnat après 14 journées.
Paris peut heureusement compter sur son nouveau capitaine, Thiago Silva, pour rassurer son monde en défense. Crédits : Maxppp
Le danger vient du Rhône
Sur d’autres terrains de Ligue 1, la mayonnaise prend mieux. Cette saison, c’est du côté du Rhône qu’il faut aller chercher les vrais concurrents du PSG : Lyon et Saint-Etienne. Sans être flamboyants, les deux ennemis jurés sont pour le moment les mieux armés pour aller titiller voire plus le club de la capitale. Avec une pression moindre et des groupes évoluant ensemble depuis un certain temps, les deux clubs Rhodaniens sont actuellement en bonne place pour créer la sensation (Lyon 1Er avec 28 points, Saint-Etienne 4ème avec 25 points, Paris 2ème avec 26 points).
Suffisant pour inquiéter le PSG, dont le démon incarné par les Montpelliérains la saison dernière pourrait refaire surface, si les résultats n’évoluent guère mieux. Samedi soir (20h, BeIn Sport), Paris se déplace à Nice, un adversaire qu’il n’apprécie guère. Depuis la remontée des Aiglons en 2002, Paris ne s’est imposé que deux fois au Stade du Ray, concédant trois nuls et cinq défaites. Actuellement 10ème, les joueurs de Claude Puel restent sur trois victoires et un nul à Marseille en championnat. Inutile de préciser que Paris va devoir faire beaucoup mieux. Une défaite serait synonyme de crise. Un mot bien trop entendu depuis plus d’une décennie.
Raphaël Didio