Hausse du chômage d'ici 2014 : Hollande, à la croisée des chemins

«Inverser la courbe du chômage avant la fin 2013». Ce vœux pieux, le président de la République le répète comme un mantra à qui veut l'entendre depuis de longues semaines. Mais son entourage le sait, le sent : l'objectif présidentiel relève de la chimère. Ou alors, François Hollande aurait raison contre l'Unédic, le FMI, l'Insee. Difficile à croire.

En effet, l'Institut de la statistique vient de dévoiler de nouvelles prévisions : le chômage devrait continuer sa hausse et atteindre 10,7 % en France métropolitaine à la fin de l'année 2013. Territoires d'Outre-mer compris, le taux de chômeurs pourrait être de 11,1 %, non loin des records historiques. En outre, l'Insee annonce une récession de 0,1 % par rapport à 2012.

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Ces chiffres succèdent aux annonces de l'Unédic qui, fin mai, avait assuré s'attendre à une poursuite de la hausse du chômage pour 2013 et 2014. Peu de temps après, le 4 juin, c'est le FMI qui avait réfréné les ambitions de l'Élysée : selon l'organisation dirigée par Christine Lagarde, le chômage devrait continuer à augmenter au moins jusqu'au début de l'année 2014.

Plusieurs solutions s'offrent désormais au président de la République. Il peut tout d'abord déployer une stratégie de contorsionniste pour faire passer la hausse du chômage comme un demi succès. D'autres ont essayé avant lui. «Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d'être torturés, finissent par avouer tout ce qu'on veut leur faire dire», disait avec malice l'économiste Alfred Sauvy.

Ainsi, en mars 2012, Nicolas Sarkozy avait inventé le concept de «baisse tendancielle de la hausse du chômage»... mais les railleries qui avaient suivi ce tour de passe-passe avaient fait plus de mal que de bien à la majorité d'alors.

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Le président de la République pourrait également dégoupiller la grenade plus tôt que prévu : en revoyant à la baisse ses objectifs dès maintenant, il s'éviterait une annonce choc et défaitiste à la fin 2013, à quelques mois des élections municipales et européennes.

Devancer les chiffres officielles de la fin de l'année pourrait permettre au président d'engager de nouveaux chantiers et de mobiliser sur de nouveaux thèmes qui influeront sur la courbe du chômage et sur le moral des ménages : négociation d'un réel pacte de croissance avec l'Allemagne, vaste plan européen de relance, réindustrialisation, mesures de protection à imposer à Bruxelles. Un tel discours de vérité déminerait sans doute le terrain des malentendus entretenus entre le président et les Français sur la question de l'emploi... depuis trop longtemps.