Le discours du président de la République devant le SPD, à Leipzig, était un hommage à la social-démocratie allemande et à son "réalisme". En France, les entreprises se sont-elles aperçu qu'elles en avaient déjà reçu les fleurs ?
"Le progrès, c'est aussi de faire des réformes courageuses pour préserver l'emploi et anticiper les mutations sociales et culturelles comme l'a montré Gerhard Schröder. On ne construit rien de solide en ignorant le réel…"
Sous le regard amusé d'Angela Merkel, François Hollande a fêté le 150ème anniversaire du SPD en s'offrant au "réalisme (qui) n'est pas le renoncement à l'idéal, mais l'un des moyens les plus sûrs de l'atteindre". "Le compromis n'est pas un arrangement, mais un dépassement", a poursuivi l'ex-Premier secrétaire du PS, avant de lancer une formule que peu de commentateurs ont retenue : "Le marché autant qu'il est nécessaire, la solidarité autant qu'elle est possible".
"Je suis un socialiste qui veut faire réussir la France", avait lancé le président de la République lors de sa conférence de presse, à Paris. La phrase a dû être interceptée par des douaniers libéraux sur la route de Leipzig. Même si François Hollande a insisté sur le fait que "tout (n'était) pas transposable" et que le socialisme français avait sa spécificité historique, l'impression donnée a été celle d'un ralliement à la social-démocratie allemande.
Macro et micro
Que les ouvriers et employés pleurent ! Que les chefs d'entreprise se réjouissent !
En plus des nombreuses mesures annoncées, Pierre Moscovici vient de leur certifier que, contrairement à l'engagement pris par François Hollande, il n'y aurait pas de loi sur la rémunération des patrons. Vive "l'autorégulation exigeante" (sic) ! Le ministre de l'Économie et des Finances a même confié au quotidien Les Echos qu'il se consacrerait désormais au "soutien aux entreprises" et que, par le fait même, il ferait "un peu moins de macroéconomie et plus de microéconomie"…
Attention, patrons ! À tout moment, la tête de Pierre Moscovici peut surgir de derrière votre porte. Vous vous rendez compte du changement ? Alors qu'avant vous en voyiez l'ombre derrière la porte du local syndical.
Cet amour de l'entreprise sera-t-il au moins payé de retour ?
Selon l'INSEE, le moral des patrons s'améliore dans l'industrie manufacturière (ce n'est pas le cas dans le commerce ni le bâtiment). On ose même le scénario "d'une récession qui ne se prolongerait pas au-delà du premier trimestre 2013", car "les carnets de commande se regarnissent".
Peut-être qu'en dépit de cette conjoncture pourrie les tulipes hollandaises vont fleurir !