Une enquête française fait la lumière sur le génocide rwandais
Publié le Par Jennifer Declémy
Deux juges français s'occupant du génocide rwandais viennent bouleverser la version de 1998
Les morts ne reposent pas encore en paix au Rwanda, presque 17 ans après le terrible génocide qui massacra près de 800 000 civils. Une véritable guerre civile entre hutus et tutsis qui aboutit difficilement à un cessez-le feu. Et depuis 17 ans, la quête de la vérité qui ne cesse de hanter le pays : qui a abattu l'avion du président rwandais Habyarimana et ainsi déclenché le massacre ?
Une enquête française lancée en 1998 avait cru trouver une réponse, hautement controversée et qui brouilla les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda. Selon le juge Brugière en effet, l'attaque avait été menée par des rebelles du Front patriotique rwandais, dirigé à l'époque par Paul Kagame...le président actuel du Rwanda. En 2006, neuf mandats d'arrêt furent même lancés contre des proches de Kagama, ce qui cause la rupture des liens diplomatiques entre les deux pays.
Or l'affaire a connu un rebondissement de taille en ce début de semaine, avec les révélations des conclusions des deux juges qui ont remplacé Brugière, Marc Trevedic et Nathalie Poux. Selon ces deux magistrats, le génocide aurait été causé par des missiles lancées...par des hutus. Revirement complet de l'affaire donc qui, si le résultat était prouvé et confirmé une bonne fois pour toutes, reviendrait à innocenter totalement l'actuel président rwandais.
Les conclusions des juges, qui se sont rendus sur place pour reconstituer la scène, ne font cependant pas état des motivations et des auteurs, les magistrats semblant être dans l'incapacité de préciser cela. Cependant en déclarant que "l'hypothèse privilégiée est celle d'un tir du missile depuis le domaine militaire de Kanombé, contrôlé par des paras de commandos et la garde présidentielle", les juges français accréditent l'idée d'un complot au sein même du camp hutu, qui aurait alors planifié le génocide.