Pierrefitte-sur-Seine : le jeune Rom de 16 ans dans le coma à cause d’une rumeur

Ce pourrait être un acte d’une violence inouïe basée sur une simple rumeur. La procureur de la République de Seine-Saint-Denis, Sylvie Moisson, a décrit le lynchage vendredi soir à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) d’un jeune Rom de 16 ans lynché par plusieurs inconnus comme un « acte de barbarie » lié à « une vengeance privée ». Depuis plus d’un mois, il vivait avec sa famille ainsi que 200 autres compatriotes dans un campement improvisé, en face de la cité des Poètes.

Découvert vendredi soir à 23h30 dans le caddie d’un supermarché, près de chez lui, l’adolescent était inconscient avec le visage tuméfié. Plusieurs étuis de balles non percutées de calibre 22 long rifle ont été retrouvés à proximité, mais le jeune homme n’a pas été blessé par des tirs. Les médecins n’étaient pas en mesure de se prononcer hier soir sur l’évolution de sa santé. Il souffre notamment de « lésions crâniennes cérébrales importantes » et son pronostic vital est engagé.

Enlevé sous les yeux de ses proches

D’après les premiers éléments de l’enquête, l’adolescent, qui se trouvait dans son campement, aurait été enlevé en début de soirée par plusieurs inconnus munis d’armes longues sous les yeux de proches impuissants et terrifiés. Il a ensuite été emmené dans un endroit, toujours inconnu, où il a été passé à tabac. « L'enchaînement des faits qui ont conduit au lynchage de ce garçon demande encore à être précisé. Une certitude, la police a été sollicitée vers 20 h 15 pour des coups de feu aux abords de ce campement, confirme un proche de l’affaire au Parisien. A ce moment-là, il semble que la victime ait déjà été enlevée, mais ses proches ne vont rien dire aux policiers. »

D’après le quotidien, un autre adolescent Rom a réussi à faire comprendre à un policier que son jeune camarade avait été enlevé par des inconnus dans une Renault Clio blanche en direction de la cité des Poètes. Le jeune témoin a expliqué que son compatriote a été pris pour cible car soupçonné d’avoir commis un cambriolage dans cette cité. La police effectue des vérifications mais ne trouve rien. Vers 22H30, des proches du jeune garçon signalent enfin son enlèvement aux forces de l’ordre.

La victime interpellée pour deux cambriolages

« La victime avait été interpellée, le 4 juin, pour deux cambriolages commis dans le quartier. Dans la matinée du vendredi, le même garçon a été soupçonné de plusieurs vols au préjudice de riverains de la cité. Des informations faisant notamment état d'une tentative de cambriolage dans un logement où aurait été entreposé de la drogue ou de l'argent appartenant à des trafiquants du secteur ont circulé. Mais cela reste à confirmer », indique la même source.

Une effraction qui a conduit au vol de quelques bijoux s’est bien produit le soir des faits,  vers 20 heures. L’auteur, mis en fuite par un jeune témoin, a ensuite fait une description pouvant correspondre à l’ado pourchassé, enlevé, séquestré, lynché et laissé à l’abandon. « La famille s'insurge contre le fait que l'on puisse évoquer un prétendu cambriolage dans la cité des Poètes pour expliquer les actes de torture et de barbarie commis à l'encontre du garçon. Elle garde son entière confiance en la justice et espère que les responsables de ces agissements inqualifiables seront bientôt appréhendés », indiquait hier Me Julie Launois-Flacelière, l’avocate de la famille du jeune homme.