Education : le ras-le-bol des enseignants de Seine-Saint-Denis
Publié le Par Antoine Sauvêtre
CG du Val-de-Marne - flickr
Confrontés à un manque d’effectif et à des conditions de travail difficiles, les enseignants de Seine-Saint-Denis feront grève jeudi 20 novembre. La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, envisage de nouvelles mesures pour tenter d’améliorer la situation.
Le problème ne date pas d’hier, mais les enseignants des écoles primaires de Seine-Saint-Denis feront grève ce jeudi pour exprimer leur ras-le-bol. Cette année encore, il manquait 450 professeurs des écoles à la rentrée dans le département, connu pour ses difficultés sociales et scolaires. Le rectorat de Créteil avait alors dû recruter dans la hâte près de 300 contractuels, envers lesquels les parents d’élèves ne cachent pas leur hostilité.
Impuissance des enseignants
Il y a pourtant urgence en Seine-Saint-Denis. Le département le plus jeune, mais aussi le plus pauvre de France métropolitaine, ne se sort pas de ses problèmes éducatifs. Les nouveaux enseignants sont souvent très jeunes – 30% ont moins de 35 ans – et ne s’attardent pas dans ce département difficile. Selon le syndicat UNSA, un sur trois demande chaque année sa mutation. Pire, selon les syndicats, « aucun poste RASED – dispositif d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (ndlr) – n’a été rétabli depuis la suppression de 190 d’entre eux entre 2007 et 2012 », indique-t-il au Figaro.
« Cercle vicieux »
Les manques de moyens financiers et humains s’entrechoquent avec le nombre croissant d’élèves. A chaque rentrée, 2 500 écoliers viendraient remplir les salles de classe déjà saturées. En Seine-Saint-Denis, on compte 24,11 élèves par classe contre 23,69 pour la moyenne nationale, alors que face aux difficultés scolaires, les élèves nécessitent une attention toute particulière. « Les conditions de travail difficiles, notamment les faibles salaires et les classes surchargées, n’incitent pas les candidatures au concours, explique au Figaro Paul Devin, inspecteur de l’éducation nationale et secrétaire général du syndicat SNPI-FSU. C’est un cercle vicieux car plus l’attractivité du département est faible, moins les enseignants postulent et plus les conditions de travail sont difficiles ».
Nouvelles mesures
Pour tenter de calmer la colère des enseignants de Seine-Saint-Denis, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem était en visite ce mercredi matin dans le département, dans une école de Bondy. La ministre a annoncé la mise en place de nouvelles mesures, promettant une meilleure répartition des enseignants titulaires et stagiaires, une réorganisation administrative ou encore un renforcement de la formation des contractuels, pour lesquels un « concours spécifique » sera ouvert en 2016 « pour les encourager à devenir enseignants ».
L’ancienne porte-parole du gouvernement a également indiqué la création d’un « concours supplémentaire » propre à l’académie de Créteil en 2015 qui devrait permettre d’ajouter 500 postes de plus que les 1 685 déjà ouverts. En outre, les étudiants de l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE, ex-IUFM) de Créteil suivront une formation en alternance dès le master 1 alors qu’elle débute normalement en master 2, après le passage du concours.
« Vivier local »
Autre annonce : la Seine-Saint-Denis compte désormais 78 des 130 nouveaux réseaux d’éducation prioritaire (REP), soit 13 de plus qu’auparavant. Parmi eux, 27 sont classés REP +, pour lesquels les enseignants perçoivent une indemnité de 200 euros par mois et de 18 demi-journées libérées sur l’année.
Mais la nouveauté réside surtout dans le souhait de mobiliser les jeunes du département pour devenir enseignant en Seine-Saint-Denis. Une annonce bien accueillie par Christian Chevalier, du syndicat SE-UNSA. « Ouvrir un concours spécifique et prérecruter, cela va dans le bon sens, puisqu’on élargit le vivier par les deux bouts, explique-t-il au Monde. Le ‘vivier externe’ en proposant à des jeunes recalés dans d’autres académies sélectives de se porter une deuxième fois candidat ; le ‘vivier local’, puisqu’on permet à des jeunes du département, partageant bien souvent les ‘codes’ de leurs futurs élèves, de passer les concours en leur fournissant un travail salarié ».
La réaction des autres syndicats, notamment du SNUipp-FSU-93, majoritaire et qui réclame 4 100 créations de postes, devrait être moins élogieuse, alors qu’une « forte mobilisation » est attendue ce jeudi dans le département.