Mantes-la-Ville : le maire FN veut empêcher la vente d’une salle de prière
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Conseil général Yvelines - flickr
Signée entre l’ancienne maire socialiste et l’association des musulmans de la ville, la promesse de vente d’une salle de prière pourrait être annulée par le nouvel édile frontiste de Mantes-la-Ville (Yvelines).
Le seul maire Front National d’Ile-de-France fait parler de lui. Un mois après son élection, Cyril Nauth souhaite annuler la promesse de vente d’une salle de prière, signée entre l’ancienne maire socialiste Monique Brochot et l’Association des musulmans de Mantes-Sud (AMMS).
Promesse de vente
Depuis 2002, cette association présidée par Abdelaziz El Jaouhari, réclame un nouveau lieu de prière pour ses fidèles. « Les autres cultes disposent de lieux, je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour nous car le pavillon que nous occupons va être démoli », clame-t-il. Selon l’AMMS, la salle mise à leur disposition par la ville, d’une capacité de 300 personnes, « n’est pas aux normes ». Après des années de négociations avec les services de la mairie, les deux parties ont fini par s’entendre.
En octobre 2013, le conseil municipal dominé par la gauche acquiert l’ancienne trésorerie de la ville, appartenant à la communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines. Le contrat prévoit la revente de cette salle, pouvant accueillir environ 700 personnes, à l’AMMS pour l’aménager en salle de prière flambant neuve. Le coût de cette transaction, 650 000 euros, devait être entièrement couvert par l’association. La promesse de vente est bel et bien signée, mais elle n’est pas encore effective. Or, l’édile de la ville a changé.
Promesse de campagne
Et le nouveau maire a toujours fait part de son opposition au projet. Cette annulation était même une promesse de campagne, que Cyril Nauth n’a pas l’intention de laisser tomber dans l’oubli. « Nous sommes hostiles à ce projet et nous dénonçons le coup politique de l’ancienne maire pour s’attirer le vote communautaire des musulmans », clame-t-il. Pour justifier sa position, l’élu invoque des problèmes de stationnement et un « vrai danger financier » pour la mairie, si l’association ne parvenait pas à rassembler les fonds suffisants.
Sauf qu’il ne suffit pas au maire de déchirer le contrat pour y mettre fin. Car d’après, Bernard Dolez, professeur de droit public à l’université de Lille-II et de Paris-XIII, cité par Le Monde, « il s’agit d’une promesse unilatérale de vente et non d’un compromis, le vendeur ne peut se rétracter ». Ou alors il devra s’acquitter de dommages et intérêts auprès de l’association.
« On va voir ce que ça peut coûter, mais pour respecter l’électorat mantevillois, on est prêt à payer cette somme, qui ne sera pas indécente, je pense », explique Cyril Nauth, bien décidé à annuler la vente, même si cela peut coûter de l’argent aux contribuables.