Paris simule une inondation de grande ampleur
Publié le Par Fabrice Bluszez
Capture écran EU Sequana 2016
Sequana 2016, la simulation d’inondation de Paris va mobiliser les secours et les administrations du 7 au 18 mars.
Première étape, une vidéo simulant un survol de la Seine, sortie de son cours en aval de la capitale. Elle est apparue sur le web fin février. Assez tôt pour sensibiliser le grand public. Cette fois, il est concerné. L’exercice « EU Sequana 2016 », sur un scénario d’inondation de grande ampleur de l’agglomération parisienne par la Seine, sera visible de tous. Les transports dans l’agglomération, les entreprises et quasiment tous les services publics seront concernés.
Comme cela va-t-il se passer ? Du 7 au 11 mars aura lieu la montée (fictive) des eaux. Le pic de crue sera atteint le week-end des 12 et 13 mars, qui correspondra aux manœuvres sur le terrain par les services de secours. Puis la décrue jusqu’au vendredi 18. La situation devrait être comparable à celle, bien réelle, vécue en 1910 et qui avait immobilisé la capitale pendant plusieurs jours.
Le scénario
L’exercice commence ainsi : fin février, une période de froid intense gèle les sols profondément, puis une perturbation océanique amène des pluies abondantes…
La Seine et ses affluents, la Marne et l’Yonne, reçoivent les fortes quantités d’eaux de ruissellement que des sols gelés ne peuvent absorber. La Seine et la Marne montent à un rythme de 50 centimètres par jour, puis de 1 mètre par jour. Les prévisionnistes confirment la tendance à l’aggravation pour la période du 7 au 12 mars 2016. Le phénomène imaginé est celui d’une crue majeure, dépassant le niveau atteint en 1910. Les départements situés en amont de Paris subissent déjà les premières conséquences de la crue. À Paris-Austerlitz, la cote de 8,13 mètres est dépassée au cours du week-end des 12 et 13 mars 2016.
La distribution d’électricité est interrompue pour près de 1,5 million de personnes en raison de l’exposition aux effets de crue d’une partie du réseau et des coupures ou démontages préventifs de matériels sensibles opérés par la société de distribution ERDF.
Concernant le réseau de transports publics, 140 kilomètres de lignes de métro sont inutilisables sur les 250 kilomètres qui le composent et un grand nombre de stations sont fermées. Plusieurs axes du réseau routier sont inaccessibles. La majeure partie des ponts est submergée ou fermée à la circulation en raison de la fragilisation des structures due à la force du courant. Le seul moyen de passer d’une rive à l’autre de Paris reste le boulevard périphérique. Le coût total – dégâts directs et indirects – d’un tel scénario a été évalué à plus de 30 milliards d’euros.
Qui participe ?
La Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) coordonnera les exercices sur le terrain du week-end des 12 et 13 mars. Des manœuvres auront lieu à Valenton (Val-de-Marne), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), à Beynes et Limay (Yvelines) et à Paris sur le bassin de la Villette (XIXe).
©BSPP
L’armée apporte son soutien aux opérations de sécurité civile par le déclenchement du plan Neptune : 1 500 militaires seront déployés à la fois sur le terrain et sur des opérations d’état-major.
900 sauveteurs seront mobilisés, certains venant d’Italie, de République tchèque, d’Espagne, de Belgique. L’exercice est d’ailleurs financé en grande partie par l’Union européenne (à hauteur de 739 000 euros) Les moyens en matériel (4 hélicoptères, 60 véhicules, des embarcations) seront considérables.
87 institutions et entreprises (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Banque de France, EDF, SNCF, Orange, Veolia…) vont mettre en œuvre des scénarios visant à prévenir le risque (fermetures d’accès, évacuation de zones inondables) et amputer une partie de leurs moyens techniques pour vérifier leur capacité à fonctionner pendant cette période de crise.Après le 14 mars, date officielle de « la décrue », une étude est prévue sur les capacités de résistances des différents opérateurs dans cette situation difficile, ayant perdu une partie de leurs moyens. On établira aussi les scénarios de remise en service progressive.
Des conseils pratiques
Il y a des conseils pendant l’inondation et des conseils après l’inondation. Pendant, pour éviter des accidents personnels ou l’aggravation des dégâts. Après parce que la remise en service doit se faire dans de bonnes conditions de sécurité. Sur le Champ-de-Mars, une cellule d’information sera installée pour permettre aux Parisiens de participer à cet événement et surtout pour faire de la prévention.
Car ce scénario « catastrophe » n’est pas inenvisageable. On parle d’une inondation centennale, qui signifie non pas qu’elle se produit une fois tous les 100 ans, mais qu’il y’a une chance sur 100 pour que cela se produise chaque année. Un ratio faible donc, mais une « chance » quand même. Dans un article du Monde consacré à un exercice similaire en 2013, Serges Guarrigues, secrétaire général de la zone de défense de Paris osait même :
« Nous aurons une crue centennale, c’est une certitude. La seule inconnue c’est quand ? La crue maximale durera entre 10 et 20 jours, pendant lesquels on ne pourra rien faire, juste survivre. Le retour à la normale ne sera pas espéré avant 45 jours. »
Quelques conseils donnés par un assureur, Stéphane Pénet, dans les colonnes du Figaro :
- Prendre des photos de votre domicile et des objets qui le composent (à garder ailleurs en cas de sinistre).
- Ne rien jeter (même si c’est abîmé) afin de faciliter le constat. Faire -encore- des photos avant d’engager le nettoyage ou pendant.
Enfin, après l’inondation le plus gros risque est sanitaire. L’eau aura répandu produits toxiques, cadavres d’animaux et déchets de toutes sortes. Elle peut subsister aussi dans les réseaux électriques.