La révélation du mur du Syndicat de la Magistrature (SM) par le site Atlantico a suscité une foule de réactions. Un mur qui épingle majoritairement des portraits de personnalités de droite, qui dans le passé, ont condamné ou blâmé la magistrature.
"Le temps, ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con" sifflotait gaiement Georges Brassens. Une allégresse qui n'est pas de mise aujourd'hui suite à la révélation du mur du SM.
Créé en 1968, le syndicat de la magistrature représente un tiers des magistrats de l'ordre judiciaire. Un syndicat proche de la gauche qui avait enjoint à voter contre Nicolas Sarkozy en mai 2012.
Quelles personnalités sont fichées sur le mur ? Principalement, des hommes et femmes politiques de droite. Nicolas Sarkozy trône aux côtés d'Edouard Balladur, qui fait de l'ombre à Luc Ferry. Plus loin, les photos de Christian Jacob et de Nadine Morano se chevauchent. Des journalistes et patrons de presse sont également présents à l'image d'Eric Zemmour ou d' Etienne Mougeotte.
Une légende précise en bas du tableau : "Avant d'ajouter un con, vérifiez qu'il n'y est pas déjà".
Certains portraits sont affublés de signe supplémentaire, la photographie de Brice Hortefeux porte ainsi la mention "Homme de Vichy" et un autocollant du Front National.
De l'ire et de la stupéfaction des concernés
Les réactions se sont multipliées depuis la divulgation du mur. D'aucuns se disent blessés et affligés. Patrick Balkany va porter plainte estimant que la justice n'est plus respectée en France.
D'autres interrogent l'indépendance de la justice prônée par le gouvernement. Thierry Mariani a interpellé Christiane Taubira à l'Assemblée cet après-midi : "Vous qui affirmiez il y a encore quelques semaines vouloir renforcer l'indépendance de la Justice, de quelle manière allez-vous réagir à cet aveu cinglant de collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire ? L'acharnement que vous avez mis dans le débat biaisé sur le mariage pour tous vous aurait-il éloignée de votre mission principale, qui est de garantir l'indépendance de la Justice"?
Christian Jacob a écrit au chef de l'Etat pour que le Conseil supérieur de la magistrature soit saisi. Certaines personnalités vont jusqu'à réclamer la dissolution du SM. L'IPJ (Institut pour la Justice) «n'a pas de mots pour qualifier l'indécence morale de la présence» sur ce mur de Jean-Pierre Escarfail, «père de Pascale, violée et assassinée par Guy Georges», ajoute le communiqué. Le Front National souhaite également sa dissolution. Et Louis Aliot, son vice-président, d'ajouter: "Cette liste, qui nous rappelle des heures sombres est une honte".
Un mur qui date de "l'ère Sarkozy où les magistrats étaient attaqués de toutes parts"
Françoise Martres, la présidente du syndicat de la magistrature a présenté le mur comme un "défouloir" et une "action potache". Elle rappelle que les images ont été prises à l'insu du syndicat, "dans un lieu privé, notre local syndical, qui n'est pas accessible au public". Et d'ajouter : "ce mur a été fait à une ancienne époque sous l'ère Sarkozy, où les magistrats étaient attaqués de toutes parts".
Elle déplore le comportement des journalistes qui ont filmé et qui n'ont "pas respecté leur parole". Ce à quoi le site Atlantico objecte que la vidéo n'a pas été enregistrée par un de leurs journalistes mais par un magistrat.
Françoise Martres regrette que cette divulgation intervienne à "un moment où le gouvernement de gauche est en difficulté. Il n'est pas étonnant qu'un site de droite s'attaque à un syndicat de gauche" poursuit-elle dans une déclaration à Reuters.
En bref, si les intéressés portent plainte, les conséquences semblent bien maigres pour le SM. Maître Eolas avance que les plaintes portées de manière individuelle aboutiraient à une amende de trente-huit euros maximum, dans la mesure où le mur ne constitue pas une injure publique.
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M. Grenouille
29/04/2013 18:43
Je ne comprends pas la polémique.
Ce sont effectivement des cons, donc où est le problème ? :D