La DCRI défaillante dans l'affaire Mehra.

Le journal Libération, qui a consulté les auditions des deux policiers du renseignement toulousain, explique ce matin que la DCRI a ralenti l'enquête qui avait lieu sur Mohamed Mehra en 2011, en ne donnant pas suite à la demande faite par les policiers toulousains du renseignement de déférer Mohamed Mehra au parquet antiterroriste en juin 2011. 

Selon les documents consultés par le journal, les policiers toulousains ont exprimé leurs inquiétudes dès le 15 juin 2011 et le responsable de la direction régionale du renseignement intérieur souhaitait "judiciariser la situation de Mohamed Mehra" en raison notamment de son voyage en Afghanistan et de ses contacts avec un réseau salafiste local.

Le "potentiel de dangerosité" du meurtrier semblait ainsi très élevé, dès 2011. Pour autant, les policiers toulousains n'ont jamais obtenu aucune réponse de la DCRI à qui avaient été transmises ces inquiétudes, avant le mois de novembre 2011, quand la DCRI demande un debriefing préventif. Deux policiers parisiens débarquent alors à Toulouse et mènent un entretien. En février 2012, quelques semaines avant les meurtres, les policiers toulousains reçoivent alors une note de la DCRI expliquant que "la rencontre n'a pas permis de faire le lien entre Mohamed Mehra et un éventuel réseau djihadiste". Concrètement, quelques semaines avant les meurtres, cette note de la DCRI a amené à une diminution de la surveillance exercée sur le jeune homme.

Pire encore, dans cette note de la DCRI, les policiers parisiens expliquent que Mohamed Mehra pourrait "présenter un intérêt pour notre thématique en raison de son profil voyageur" et demandent aux policiers toulousains d'examiner la possibilité de recruter le terroriste. Toulouse décide de ne pas répondre mais obéit à l'ordre de ne plus le surveiller. Les meurtres commenceront très peu de temps après, le 15 mars 2012.