Justice : les juges d'instruction dans le viseur de l'exécutif.

Treize postes de juges d'instruction viennent d'être supprimés par une récente et discrète circulaire datant de l'année 2012, qui porte donc le total de postes de juges d'instruction supprimés à 69 en six ans. Un triste record qui accentue encore plus la difficulté de ce métier et les conditions de travail.

"Dans les petites juridictions, faute de personnel, les juges d'instruction font un peu de tout, ils sont accaparés par d'autres tâches et ne peuvent plus faire leur métier dans des conditions satisfaisantes" explique le juge Marc Trévidic au site d'information Mediapart alors qu'aujourd'hui il ne reste que 532 juges d'instruction en activité. Les conséquences directes de cette diminution sont claires : fin de la collégialité de l'instruction et entassement des dossiers qui ne sont plus traités dans des délais satisfaisants.

"La durée des instructions est plus longue. Et avec la pénurie de postes généralisés dans les tribunaux, les juges d'instruction doivent également participer au service général, comme siéger de plus en plus souvent en correctionnelle" fait remarquer le Syndicat de la magistrature.

Depuis le début de son mandat, Nicolas Sarkozy a entretenu une claire relation d'hostilité avec ce corps de profession, qu'il voulait d'ailleurs supprimer en janvier 2009. Considérés comme des troubles-fêtes qui viennent mettre leur nez là où il ne faut pas, on les accuse très souvent d'instrumentaliser des affaires à des fins politiques et de faire trop d'erreurs, le procès d'Outreau étant pour ces détracteurs une illustration concrète des défaillances de l'institution. Cependant, certains procès financiers et politiques ont prouvé l'indépendance et la puissance de ces juges pour faire tomber les personnalités politiques corrompues.