Descoings : mort d'un serviteur de l'état provocateur.
Publié le Par Jennifer Declémy
AFP
La mort du directeur de SciencesPo cette nuit à New York a bouleversé ses étudiants et a suscité une salve d'hommages envers un grand serviteur de l'état qui aura profondément modifié cette institution. Portrait.
Il suscitait les controverses, mais son apport à l'IEP de Paris est incontestable. Richard Descoings, mort à New York dans des conditions encore non expliquées, laisse derrière une grande école profondément réformée et qui a su s'adapter au XXIe siècle. Ce matin, à l'annonce de son décès, les hommages se sont multipliés de la part de la classe politique qui voit en lui un brillant réformateur, et une très grande figure du service public.
Durant ses seize années de présidence de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, le premier de France et le plus ancien, Richard Descoings y a insufflé le souffle de l'égalité, en ouvrant les portes de la grande école aux élèves issus de la ZEP, une révolution à Sciences Po qui a cependant montré la voie aux autres instituts qui se sont eux aussi essayés à la discrimination positive. Mais il avait aussi suscité la polémique en 2009 en supprimant l'épreuve mythique de culture générale au concours d'entrée de Science Po.
Ce devait être son dernier mandat, qui malheureusement s'achévera sur un dernier scandale, la révélation de ses primes et salaires, atteignant les 40 000 euros mensuels. Pourtant, au-delà des polémiques, sur son caractère même, il aura modernisé en profondeur son école, en l'ouvrant sur l'international et en confirmant son lustre de grande école incontournable dans les sphères de la politique et de la haute fonction publique, entre autres.
"C'était un garçon extraordinairement intelligent avec le sens des rapports de force. C'était un éminent politique, très cultivé. Il aurait pu faire une carrière politique car il voyait loin, il avait une vision", regrette Jean-Claude Delgennes. Ancré à gauche, Richard Descoings avait néanmoins livré un rapport sur le lycée à Nicolas Sarkozy et était régulièrement consulté sur des sujets d'éducation.