Hôtel-Dieu : Martin Hirsch annonce un « infléchissement » du projet de fermeture des urgences
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Steve Jeffries - flickr
Dans une lettre adressée à la CGT, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) annonce une modification du projet initial prévoyant la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu. La CGT y voit une véritable « réouverture des urgences ».
La nomination de Martin Hirsch à la tête de l’AP-HP en lieu et place de Mireille Faugère a littéralement modifié la donne sur la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu, sur l’île de la Cité, à Paris. La lettre qu’il a adressé à la CGT en est une nouvelle preuve. A l’intérieur, il évoque « un véritable infléchissement par rapport au projet initial ».
Pas une réouverture mais…
« On ne peut pas parler de réouverture des urgences car celles-ci n’avaient pas vraiment fermé », précise-t-il toutefois au Monde. Pourtant, Martin Hirsch compte bien remettre en place un service d’accueil « bisites » entre Cochin et l’Hôtel-Dieu. Mais aussi permettre aux camions de pompiers de redéposer des patients dans l’établissement de l’île de la Cité « pour mieux réguler les malades » et même maintenir les lits en psychiatrie ou en gériatrie, que le projet destinait à faire disparaitre.
Après avoir renoncé à installer le siège de l’APH-HP dans le bâtiment de l’île de la Cité, comme le souhaitait son prédécesseur, l’ancien haut-commissaire aux solidarités actives du gouvernement Fillon procède donc à un nouveau pas en arrière par rapport au projet initial. Celui-ci consistait à remplacer les urgences par un service de consultation sans rendez-vous, 24h/24 et 7j/7. Autrement dit, un hôpital « debout » (sans lits), pour des patients dont l’état de santé ne nécessite pas d’hospitalisation. « Même si le site restera majoritairement ambulatoire, on ne reprend pas à notre compte le concept de l’hôpital debout », indique Martin Hirsch, qui refuse toutefois à parler du « retour de l’Hôtel-Dieu tel qu’il était avant ».
Personnel contre CME
Pourtant, pour le médecin urgentiste et membre de la CGT-Santé, Christophe Prudhomme, cette annonce constitue bien « une réouverture des urgences ». Le syndicat, qui avait déjà salué le plan global du nouveau directeur visant à diviser par deux le temps d’attentes des patients dans les urgences parisiennes, salue cette nouvelle attitude de la direction.
A l’inverse, Loïc Capron, le président de la commission médicale d’établissement (CME) favorable à une fermeture des urgences ne cache pas son « scepticisme total » et son « désaccord » avec Martin Hirsch. « Avec cette décision, est-ce qu’on cherche à atteindre un objectif de santé publique ou à remplir un hôpital vide ? », s’interroge-t-il. Quoi qu’il en soit, ce nouveau bouleversement constitue, pour lui, un « retour en arrière ». La Ville de Paris, qui n’a pas encore fait de commentaires, n’en a pas fini avec le dossier bouillant de l’Hôtel-Dieu.