Paris : un lycée accusé de dérives sectaires

Le groupe scolaire Gerson, établissement catholique privé du XVIe arrondissement de Paris, est actuellement au cœur d'une polémique : l'Education nationale a annoncé que le lycée serait bientôt soumis à une inspection à cause des accusations de dérives intégristes dont il fait l'objet, dues à plusieurs interventions d'associations, et à du "harcèlement" selon certains anciens employés, enseignants et élèves de l'établissement

Des membres de l'association Alliance Vita étaient invités au sein de l'établissement sur la contraception, durant laquelle ils auraient assimilés l'avortement à un "homicide volontaire" et les jeunes filles ayant recours à la pilule du lendemain à des "semi-meurtrières". Accusation que l'association fondée par Christine Boutin nie farouchement : "Le mensonge, la calomnie et le procédé lâche visant à salir son image et à jeter le discrédit sur son travail ". La direction d’Alliance Vita a annoncé son intention de porter plainte pour "diffamation" : "Notre association, composée de citoyens, est libre de tout lien avec une religion ou un parti politique. Le terme 'intégriste' est donc totalement inapproprié." indique encore l'association qui insiste bien qu'il ne faut pas la confondre avec "Civitas".

Un établissement "Opus Dei" ?

Un parent d'élève a également déclaré auprès de l'AFP que plusieurs associations proches de l'Opus Dei, cette mouvance affiliée à l'église catholique, souvent associée à diverses controverses étaient régulièrement invitées pour des interventions, sans en informer les parents : " Clairement, on veut faire de cette école un établissement Opus Dei et faire partir ceux qui s'y opposeraient", selon le syndicat de l'enseignement catholique FEP-CFDT. La secrétaire générale de ce syndicat, Valérie Ginet, accuse l'école de vouloir "sélectionner" ses élèves : "pas d'enfants non baptisés, ni d'enfants issus de familles recomposées, de parents séparés ou de familles monoparentales, ni de juifs ".

Toujours selon ce même syndicat, une vingtaine d'employés et de professeurs de l'établissement ont demandé leur mutation après s'être plaints de harcèlement. Un professeur témoignait à l'APF : "Il y a une ambiance de flics. On est surveillé dans la salle des profs, pendant les intercours, et ceux qui remettent en question ce qui se passe sont des Rouges".

Démenti de l'Opus Dei



Sur son site officiel, l'Opus Dei affirme n'être " aucunement impliquée dans la pastorale du lycée Gerson" et qu'"elle n'a jamais cherché à y étendre son influence, pas plus que dans aucun autre endroit". Si cette institution de l'Eglise catholique affirme que "deux membres de ce lycée sont effectivement membres de l'Opus Dei ". "Nous démentons donc formellement vouloir ' en faire un établissement Opus Dei' et nous n'y avons aucune influence ".

Pour le directeur de l'établissement, Philippe Person : ""L'intention n'était pas de provoquer et si certains élèves ont mal vécu cette intervention, nous veillerons à reprendre le dialogue". Selon la direction diocésaine, une réunion "pour redéfinir le projets éducatifs et les orientations pédagogiques" est prévue à la rentrée des vacances de Pâques, entre celle de l'établissement, l'équipe des enseignants et les parents d'élèves.