L’Hôtel Lutetia ferme ses portes pour 3 ans de rénovation

Si l’écrivain André Gide, l’aviateur Antoine de Saint-Exupéry ou le sculpteur César étaient encore de ce monde, ils auraient dû s’exiler du prestigieux hôtel dans lequel ils vivaient à demeure. Le Lutetia, qui renferme également l’un des plus illustres restaurants de la capitale, accueille ses derniers clients aujourd’hui avant de fermer ses portes pour une période de 36 mois. Le temps de rénover un bâtiment dont l’histoire est liée à celle de Paris.

Hôtel, hôpital, siège de l’Abwehr…

L’édifice est un véritable monument de la capitale. Surplombant tout Paris, les plus hauts étages offrent une vue imprenable sur la tour Eiffel et sur le dôme des Invalides. Une vue que les clients et le personnel de l’immeuble ne pourront plus admirer au profit des ouvriers chargés de la « cure de jouvence » cinq étoiles que s’offrent la direction de l’Hôtel.
 

Une nouvelle transformation pour cette bâtisse qui est partiellement devenu un hôpital en 1914 mais surtout le siège français de l’Abwehr, le service de renseignement de l’Etat-major allemand, entre 1940 et 1945.

Concurrence

Avant cela, le Lutetia, ouvert en 1910, était l’unique hôtel de luxe de la rive gauche. Mais depuis, la concurrence dans l’hôtellerie de luxe parisienne rend la vie dure à cette « vieille dame », qui a besoin de se renouveler. Pour cela, la direction a mis le paquet : entre 80 et 100 millions d’euros de travaux pour une PME qui en empoche 30 millions par an.
 

Face à l’arrivée de nouveaux concurrents, le Shangri-La et le Mandarin Oriental en 2010, et les investissements des palaces historiques de Paris (Royal Monceau, Ritz, Crillon et Plaza Athénée), le Lutetia pense aux travaux « depuis 2007 » pour rester dans la course. Il faut dire que l’Hôtel n’échappe pas à l’air du temps. La qualité du personnel ne suffit plus à combler les morceaux de pierre qui se détache de la façade, les fuites d’eau, la moquette usée, les lavabos craquelés… Objectif : passer de quatre à cinq étoiles en 2017, en agrandissant les chambres, en construisant une piscine au sous-sol, en offrant plus de services sportifs et informatiques,…

Personnel

Une telle montée en gamme a aussi ses désagréments. Le restaurant gastronomique Le Paris disparaitra. Et le personnel connait des fortunes diverses pendant la période de travaux. Certains seront reclassés dans d’autres hôtels parisiens, notamment celui du Louvre, d’autres seront licenciés ou partiront à la retraite. Mais la plupart des 211 salariés reviendra une fois le chantier terminé. Si tout va bien, en 2017, le Lutetia devra même embaucher plus de 130 personnes pour écrire une nouvelle page de ce luxueux palais.