La justice met en garde le directeur de la police judiciaire après un coup de fil à Brice Hortefeux
Publié le Par Antoine Sauvêtre
fmpgoh - flickr
Christian Flaesch a été averti par le parquet général après avoir appelé l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux. Il voulait prévenir l’ancien responsable politique qu’il serait entendu en tant que témoin dans une affaire qui oppose Nicolas Sarkozy au site d’information Mediapart.
Le directeur de la police judiciaire parisienne piégé par une simple écoute téléphonique. C’est ce qui vient d’arriver à Christian Flaesch, à la tête de la PJ de Paris depuis plus de six ans, un record. Le journal Le Monde a révélé que Christian Flaesch « a pris son téléphone [portable] pour avertir » l’ancien ministre Brice Hortefeux, dont il serait proche, qu’il serait bientôt entendu en tant que témoin dans l’affaire Sarkozy/Mediapart. Cette procédure judiciaire fait référence à la plainte déposée par l’ancien président contre le site d’information pour faux et usage de faux concernant un document publié sur internet.
Sauf que Brice Hortefeux était placé sur écoute par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) dans une affaire distincte. La conversation a donc été enregistrée et s’est retrouvée dans les bureaux du parquet général. Les faits n’étant pas constitutifs d’une infraction pénale, Christian Flaesch a simplement « fait l’objet d’une mise en garde et son attention a été attirée sur la nécessité d’éviter à l’avenir un type de comportement susceptible de donner lieu à des interprétations et des interrogations », a indiqué le parquet général.
Guerre de succession
Avertir des responsables politiques « de droite ou de gauche » qu’ils vont être entendu dans le cadre d’une procédure judiciaire n’est pas rare, selon des proches du directeur de la PJ parisienne. Christian Flaesch n’a donc pas à s’inquiéter pour son poste. Pourtant, il a probablement perdu gros dans cette affaire. Christian Flaesch faisait en effet jusqu’ici parti des favoris pour remplacer Christian Lothion à la tête de la DCPJ. Ce dernier partant en retraite à la fin de l’année. Or, selon Le Monde, « deux policiers de haut rang » de la DCPJ convoitent également ce poste. En transmettant avec autant d’enthousiasme la conversation téléphonique au procureur général, les responsables de la DCPJ éliminent sans difficulté l’un des candidats à la succession de leur patron, dont le poste ne sera donné qu’à un policier irréprochable.