Claude Guéant annonce une baisse de la délinquance
Publié le Par Jennifer Declémy
Claude Guéant présente aujourd'hui son bilan en matière de sécurité. Une manière de flatter le Gouvernement malgré certains résultats plus décevants.
Il n'est pas peu fier ce matin, le ministre de l'intérieur Claude Guéant, de présenter ses chiffres annuels sur l'état de la délinquance en France. Une baisse générale, annonce-t-il, pour la neuvième année consécutive.
Dans le détail des chiffres, Claude Guéant explique que la déliquance en général a diminué d'environ 1% mais que les cambriolages ont explosé d'environ 16%. Cependant, le ministre explique ce dernier chiffre par l'apparition d'un nouveau phénomène dans la société, les "raids de personnes originaires d'Europe centrale et orientale", contre qui il promet de réhausser la surveillance et la suppression. A cet effet, avait d'ailleurs été annoncé en décembre un projet du ministère de l'intérieur de relancer une forme de double peine. Et le 13 janvier dernier, trois députés UMP proches du ministre ont déposé une proposition de loi pour "renforcer l'effectivité de la peine complémentaire d'interdiction du territoire", qui pourrait être adoptée selon les parlementaires qui voient une fenêtre de tir dans l'allongement de la session parlementaire.
Mais si le conseiller de Nicolas Sarkozy se félicite de ce rapport, vantant l'activité de ses prédécesseurs, et la volonté affichée du Président de la République, il n'en est pas moins que ses chiffres sont contestés, d'abord naturellement par l'opposition, mais aussi par des observateurs indépendants qui pointent du doigt une "fausseté" des chiffres qui résulteraient d'habiles trucages par les services en charge. Ainsi, il y aurait tout d'abord des pressions exercées sur la police pour "faire du chiffre", ce qu'a d'ailleurs révélé une note interne du Directeur Général de la gendarmerie nationale en octobre dernier. Des membres de la police et de la gendarmerie n'hésitent d'ailleurs pas à parler de mesures de rétorsion à leur égard.
Autre défaut de ces chiffres mis en avant : une priorité accordée à la répression en matière de drogues et de stupéfiants et à la police des étrangers, qui permet quasi automatiquement d'afficher de bons résultats. Ainsi dénoncent certains, la police se concentre sur les petits caïds, les fumeurs de "shit", au lieu de se pencher sur les cas des grands bandits, ce qui aurait en plus généralisé le trafic de drogues dans les banlieues.
Si l'on peut constater une diminution du vol de voitures depuis 10 ans, la Cour des Comptes relève en revanche qu'entre 2002 et 2010, la violences contre les personnes ont augmenté de près de 21%. La population carcérale a aussi augmenté de 30% et le nombre de personnes placé en garde à vue a explosé jusqu'en 2010, jusqu'à provoquer un profond débat politique dans lequel l'Union Européenne était d'ailleurs intervenue.
Le bilan sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis 10ans semble donc à relativiser dans la mesure où même si certains résultats positifs peuvent être constatés, d'autres éléments négatifs sont à mettre à son actif. Ainsi, moins d'un français sur deux juge que la police est inefficace et le sentiment général est que l'insécurité n'a globalement pas baissé ces dernières années. Peut-être une autre approche, moins basée sur les chiffres, permettrait des améliorations dans ce domaine.