Projet Grand Paris : la concertation pose problème
Publié le Par Paris Dépêches
Anne Hidalgo, première adjointe PS au maire de Paris et Pierre Mansat, adjoint chargé de "Paris Métropole", réfutent les propos du secrétaire d'Etat au Développement de la région-capitale, Christian Blanc, qui affirme que "le projet de loi sur le Grand Paris a été élaboré à partir d'une très longue concertation". "Cette déclaration ne correspond pas à la réalité", estiment les deux adjoints de Bertrand Delanoë. L'avis de JF.Lamour (UMP), Sylvain Garel (les Verts) et Laurent Lafon (Nouveau centre).
Jean-François Lamour, député de Paris et président du groupe UMP au Conseil de Paris
Paris Dépêches : Que pensez-vous de la contestation d’Anne Hidalgo et de Pierre Mansat ?
Cette réaction est conservatrice et prouve le refus du changement. Ils refusent de reconnaître que la dynamique est du coté du président de la République. Ils parlent d'un manque de concertation… La réalité c’est qu’ils n'en sont qu'à l’étude du dossier Paris Métropole. Nous avons deux métros d’avance sur eux.
Les élus PS, PC et Verts se sentent mis à l’écart. Ils considèrent que le projet de loi donne tout pouvoir à l’Etat. Qu’en pensez-vous ?
François Fillon a bien précisé que c’était un avant projet de loi et qu’il y aurait maintenant une concertation avec l’ensemble des élus d’Ile-de-France afin d’aboutir au projet de loi définitif. On a vu la première phase du projet. Maintenant, la question est de savoir comment porter ce projet. Bertrand Delanoë et surtout Anne Hidalgo transforment les choses. Ils disent : "On ne doit pas perdre une parcelle de notre pouvoir". Le pouvoir de ne rien faire, comme ces derniers mois, nous, ça ne nous va pas.
Pensez-vous que les élus de gauche sont dans une inertie par rapport à ce projet ?
Je ne parlerais pas d’inertie mais de routine. La routine c’est pire que tout face aux difficultés rencontrées par les Franciliens en matière de logement et de transport.
Propos recueillis par Corinne Binesti
Photographie© Sophie Robichon/Mairie de Paris
Sylvain Garel, co-président des élus verts à Paris
Que pensez-vous de la réaction d’Anne Hidalgo et de Pierre Mansat ?
On ne peut qu’être d’accord avec eux quant à l’absence de concertation. Tout s’est fait en catimini entre Christian Blanc, son cabinet et l’Elysée, qui a piloté tout ça. C’est vraiment une pure démarche politicienne pour essayer de faire croire aux Franciliens qu’on s’occupe d’eux. Et puis, c’est un argument pour les élections régionales qui arrivent bientôt.
Qu’attendez-vous du Grand Paris ?
Nous pensons qu’il faut revoir l’organisation de l’Ile-de-France. Les Verts ont toujours défendu l’idée de régions plus fortes, moins nombreuses. Nous sommes pour la disparition des départements qui ont un découpage inopérant. Aujourd’hui, les gens n’ont pas un sentiment d’appartenance aux Hauts-de-Seine ou à la Seine-Saint-Denis. Ils ont surtout le sentiment d’habiter la région parisienne, ou Paris. Par ailleurs, on attend une disposition plus grande dans le domaine des transports, de l’habitat et de l’environnement. Mais si cela est mené comme ça l’est actuellement, il n’y a pas grand chose à espérer... D’autre part, le gouvernement annonce qu’il faudra débourser 35 milliard d’euros. Mais comment ?
Avez-vous été entendus ?
Ah non, pas du tout ! Les Verts n’ont jamais été contactés par qui que ce soit sur cette affaire. On va avoir un débat au prochain Conseil de Paris. Les verts s’exprimeront et prendront position clairement pour dénoncer cette pratique.
Propos recueillis par Corinne Binesti - Photographie : © Les Verts
Laurent Lafon, maire de Vincennes et président du groupe Nouveau Centre à la Région Île-de-France
"Il est sain et logique que les élus donnent leur sentiment dans cette période de concertation voulue par le Premier ministre". Membre fondateur de Paris Métropole, Laurent Lafon précise qu'il serait "complètement stérile de s'opposer totalement au texte proposé par le secrétaire d'Etat Christian Blanc." Il appelle les élus franciliens à "un dialogue constructif avec l'Etat. Le projet de loi est une base de travail, et nous devons, ensemble, élus locaux et gouvernement, l'améliorer pour que cette loi soit acceptable pour les collectivités locales".
Photographie
© Mairie de Vincennes