Pourquoi Elisabeth Lévy a signé avec Deneuve : On étouffe !
Publié le Par Fabrice Bluszez
Hannah Assouline
Elisabeth Lévy est directrice de la rédaction de "Causeur". Elles expliqué au "Figaro" pourquoi elle a signé la tribune avecCatherine Deneuve et 100 personnalités, dans Le Monde.
Le mieux est sans doute de lire l'entretien complet dans Le Figaro. Voici cependant l'essentiel du propos d'Elisabth Lévy, répondant à la question : pourquoi avez-vous signé cette tribune ?
« Parce qu'on étouffe! Parce qu'il est insupportable que toutes les femmes soient sommées de parler d'une seule voix ! Parce que, si des femmes souffrent réellement du comportement des hommes, l'unanimisme victimaire ne dit pas la réalité de toutes les femmes dans notre pays - et au passage c'est une insulte aux véritables victimes de viols, de violences et de chantages. Parce que derrière un combat au-dessus de tout soupçon perce une volonté féroce de normaliser le désir, d'édicter des normes pour la sexualité et la séduction. Parce que j'ai découvert, dans Le Monde où elle s'en vante, que Sandra Muller avait inventé"Balance ton porc" au prétexte que, plusieurs années auparavant, dans une soirée à Cannes, un homme avec lequel elle n'avait aucune relation hiérarchique, qu'elle appelle «mon bourreau», lui avait parlé de ses «gros nibards» et promis de la «faire jouir». À la suite de quoi elle est «tombée dans une faille spatio-temporelle» (je n'invente rien) dont elle est sortie en balançant son porc et en appelant toutes les femmes à balancer le leur. »
«Les femmes, je ne connais pas»
Le journaliste lui suggère qu'elle "manque à la solidarité féminine"…
«...On a raison, car je revendique le droit de choisir mes solidarités ! Je ne savais pas que les opinions dépendaient de la biologie. Que l'on nous pardonne de disposer chacune d'un cerveau qui nous appartient en propre, et qui n'est pas toujours connecté à nos ovaires ! Depuis deux mois, on nous embrigade dans un collectif appelé "les femmes" avec une phraséologie proprement stalinienne qui fait de toute dissidente une ennemie du genre humain. Eh bien, "les femmes", je ne connais pas !»
De la liberté d'expression
Interrogée sur la liberté d'expression depuis l'attentat de Charlie Hebdo, Elisabeth Lévy répond :
« Le plus triste, c'est que ce n'est pas seulement à cause de l'intimidation islamiste que nos libertés reculent, mais à cause des innombrables restrictions que la bienséance invente chaque jour. Comme l'avait prédit Philippe Muray, les djihadistes se comportent comme des éléphants dans un magasin de porcelaine que ses propriétaires (nous) ont déjà largement saccagé. Les assassins de Charlie voulaient interdire toute possibilité de critiquer ou de moquer leur religion. Le CSA prétend aujourd'hui sanctionner des blagues sur les femmes ou sur les gros. Bientôt, on ne pourra plus rire de rien ni de personne. Heureusement, il restera les réacs et les lepénistes comme seules têtes de turcs autorisées. Il faut aussi souligner que cette régression, à laquelle nous consentons collectivement quand nous ne la réclamons pas, est très largement imposée par ce qui devait être l'outil de la liberté : les réseaux sociaux. Des médias où toutes les paroles se valent, où chacun, puissant ou misérable, peut dire ce qui lui passe par la tête, c'était la promesse d'une liberté d'expression qu'aucun pouvoir ne pourrait museler. Ce sont la médiocrité et les affects les plus sinistres qui ont pris le dessus, de sorte que dès que quiconque ose émettre un point de vue allant à l'encontre de la doxa du jour, une meute numérique se déchaîne. »
Elisabeth Lévy signe aussi un éditorial intitulé "Non au parti unique des femmes", dans Causeur. La voici avec Alain Finklkraut dans l'émission "L'Esprit d'Escalier".