Mondial du tatouage : ton tattoo t'attend à La Villette
Publié le Par Fabrice Bluszez
ADC
Du vendredi 4 au dimanche 6 mars a lieu à la Grande Halle de La Villette, à Paris, le Mondial du tatouage.
Ouvert de 12h30 à minuit ! On se couche tard, chez les tatoueurs. Et le dernier jour, le dimanche, si on promet d’être là à 11h30, c’est parce qu’on partira tôt : clôture à 19 heures. Certains viennent de loin : environ 300 artistes-tatoueurs seront présents. Ce sont des signatures connues aux Etats-Unis, en Asie et dans toute l’Europe. Le Mondial du tatouage est donc l’endroit idéal pour faire le point sur les techniques, les talents d’aujourd’hui. On en trouvera la liste, avec des photos, sur le site internet du salon.
Pour Serge Buono, qui gère le salon Art d’Corps à Chartres, la visite au Mondial du tatouage est utile :
"C’est quelque chose d’immense avec énormément de tatoueurs du monde entier. Cela permet de les approcher, de voir ce qu’ils font, éventuellement de discuter avec eux et peut-être prendre des marques pour un futur rendez-vous."
Ceux qui veulent un tatouage mais ne savent pas encore quoi doivent y aller ?
L’intérêt d’aller là-bas, c’est d’avoir une vision réelle de ce qu’est un tatouage. Ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent, souvent, ne savent pas ce qu’on peut faire. Il y a quand même énormément de clichés qui circulent, qui ne sont plus actuels sur ce qu’on peut attendre de la qualité d’un tatouage. Ces références ont souvent trente ans et concernent le tatouage qui a succédé directement au tatouage de prison. Aujourd’hui, le tatouage, ce n’est plus ça. On peut avoir une qualité photographique, une qualité artistique. Des traits fins, des ombrés, des volumes des couleurs. On peut attendre d’un tatouage la même chose de ce qu’on peut attendre d’une impression sérigraphique ou infographique. Il n’y a pas de limite qualitative au tatouage aujourd’hui.
Chaque tatoueur a ses spécialités et chacun peut être identifié à un style par rapport à ses préférences. Il y a des tatoueurs qui font de l’hyper réalisme et d’autres qui font de la géométrie, des assemblages de lignes et de formes. On peut pratiquer l’un ou l’autre style. Mais techniquement et graphiquement, ils ont chacun leur intérêt.
Il y a des tatoueurs qu’on peut signaler ?
Il y en a que je suis régulièrement parce que je les apprécie mais je ne sais pas s’ils seront au Mondial. Sur la première page de présentation des artistes, sur le site du Mondial…
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Ael Lim, de Singapour, il tatoue comme s’il dessinait avec un feutre. C’est assez surprenant comme impression, y compris dans la façon dont les couleurs se superposent. Techniquement et graphiquement, c’est vraiment une signature remarquable.
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De manière différente, on a Alexander Grim (Russie), qui est un tatoueur très connu. Ses juxtapositions de lignes et points donnent une impression d’aplat ou d’ombrages noirs, dans le goût de la gravure avec une trame donnée au tatouage. Les contrastes noirs et gris sublimes vieillissent très bien, parce qu’on n’est pas sur un remplissage lourd. Ses effets de profondeur et de perspective, on pourrait les retrouver sur des gravures du XIXe siècle.
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Alex Rattray (Royaume-Uni). Le Yoda et le Spiderman qui suit, tels qu’ils sont représentés sur sa page, sont traités à la façon des peintres hyper réalistes.
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BigCat Cid travaille sur des bases d’estampes japonaises, avec des couleurs très diluées et des motifs traditionnels.
- Guillaume Smash, tatoue à la façon Photoshop, avec de la ligne et du point, avec des assemblages géométriques qui se référent encore à une autre technique. On aime ou pas mais c’est remarquable la façon dont c’est traité sur le plan technique comme graphique. C’est une manière de transposer ce qu’on peut peut faire sur Illustrator, ou en infographie, sur la peau.
Est-ce que les artistes avec un style personnel sont plus chers ?
Non, ça ne coûte pas plus cher, par exemple parce que c’est Alexander Grim. Ça coûte plus cher parce qu’il y a plus de travail.Les tatoueurs ne font pas leur tarif en référence à une cote qui serait donnée par un catalogue. On n’est pas dans une galerie d’art. Ils facturent un taux horaire correspondant à leur savoir-faire. Comme dans tout, il y a une logique entre ce qu’on paye et ce qu’on a. Et plus on y met de travail, plus le tatoueur prend du temps et plus son travail revient cher. Le tarif va être en relation avec la qualité et le degré de finition que l’artiste met dans son tatouage et qui fait sa carte de visite. Ceux-là sont reconnus parce qu’ils travaillent et dessinent jour et nuit. On paye un savoir-faire lié à leur travail.
On peut être tatoué sur place ?
En général, les tatoueurs qui vont dans les salons viennent avec leurs clients et c’est assez difficile de trouver un artiste libre pour se faire tatouer au dernier moment sur place.
Est-ce que ces tatouages fins, légers, tiennent dans la durée ?
Aujourd’hui, les tatoueurs ont suffisamment de recul pour savoir ce qui fonctionne ou pas. On a fait, autrefois, de gros aplats de couleur et de la grosse ligne, pour s’apercevoir au bout de quinze ans que le pigment s’étale, bave et que le résultat perd en netteté. On fait aujourd’hui des choses plus légères, c’est la garantie d’un tatouage qui va mieux tenir. Les encres sont de meilleure qualité et les pigments ne vont pas s’atténuer dans le temps. Ce phénomène est plutôt dû à l’exposition au soleil et au manque d’hydratation de la peau.
« Les gens se font tatouer pour que ça se voit. »
Si on change d’avis, il est donc plus facile de les effacer ou de les recouvrir ?
Non. Effacer ou recouvrir, c’est quelque chose de complexe, qui fonctionne très mal. C’est quasi infaisable. Ça fait partie des informations légales et obligatoires qu’on doit donner au client. Il doit se rendre compte qu’un tatouage est irréversible. On peut éventuellement recouvrir des petits tatouages mais avec un nouveau au moins quatre fois plus grand. En général, il vaut mieux partir du principe qu’on ne pourra ni enlever ni recouvrir son tatouage, surtout s’il est de grande taille ou tatoué en densité.
Les tatouages sont désormais plus grands ?
Aujourd’hui, les tatouages sont de plus en gros, de plus en plus visibles et de plus en plus denses. Les gens se font tatouer pour que ça se voit. Le petit tatouage caché pour soi, ce n’est plus la tendance. Aujourd’hui, on tatoue de plus en plus jeune de plus en plus voyant, de plus en plus visible, de plus en plus colorés.
Qu’est ce qu’on demande le plus ?
La tendance populaire du tatouage aujourd’hui, ça reste le lettrage. En général le prénom des enfants, c’est ce qui revient le plus souvent. Et tout ce qui est devise, des proverbes ou des mots qui font référence à l’histoire ou la personnalité du client. Après dans le graphisme et dans les demandes plus artistiques, il y a quand même un intérêt grandissant pour tout ce qui est gravure de style noir et blanc et tout ce qui est géométrique. Ce sont des choses qu’on nous demande de plus en plus. On est plus sur des compositions infographiques comme par exemple le mandala. Avec des variations sur le mandala donc des formes complexes, esthétiques et artistiques avec des intégrations de couleur, à l’instar de ce qu’on peut faire sur Photoshop.
Ça coûte combien une petite phrase ?
En général c’est 100 €. Un petit tatouage qui dure moins d’une heure, c’est 100 €. C’est aussi rapide d’écrire une phrase en la tatouant que de l’écrire à l’encre, à la plume de manière appliquée sur du papier. Les frais, pour nous, d’ailleurs, en matériel à usage unique et stérile, sont les mêmes pour un petit tatouage ou un gros.
Où trouver des conseils, sur Internet ?
Sur Internet, on ne va pas forcément toujours trouver les conseils les plus intelligents. Il vaut mieux se rapprocher des boutiques de tatouage connues. Nous, on donne des conseils sur notre site mais les gens, en général, ça les embête de lire. Le mieux est d’aller chercher les conseils de visu, chez les professionnels. Les bons sont connus. Le meilleur support publicitaire pour un tatoueur, c’est son client, et le bouche à oreille qu’il en fera. On peut utiliser Internet comme un entonnoir, aller sur des sites généralistes comme la Galerie du tatouage et, petit à petit, resserrer sa recherche sur des tatoueurs locaux puisqu’aujourd’hui il y a des bons tatoueurs dans toutes les villes.
Il y a de plus en plus de tatoueurs ?
Aujourd’hui, chez nous, à la boutique, à Chartres, il en a six qui tournent. Une donnée significative : il y a cinq ans, quand on tapait « tatoueur » dans les pages jaunes, il y avait quatre enseignes qui sortaient. Aujourd’hui, il y en 40. Aujourd’hui, avec l’autoentreprise et la généralisation du tatouage, on assiste à un phénomène : l’apparition de tatoueurs qui travaillent chez eux, souvent au mépris des réglementations sanitaires, mais visibles et déclarés. Cela fausse le paysage professionnel.
Pratique
A la Grande Halle de La Villette, à Paris, 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris.
Stations de métro ou tramway ou Vélib : Porte de Pantin ou Porte de la Villette.
- Vendredi de 12h30 à minuit. Tarif : 32 € et pour les 12-16 ans : 20 €
- Samedi de 12h30 à minuit. Tarif : 32 € et pour les 12-16 ans : 20 €
- Dimanche de 11h30 à 19 heures. Tarif : 27 € et pour les 12-16 ans : 18 €
Il existe un Pass trois jours à 65 €. Les billets sont moins chers de 2 € (en moyenne) en prévente sur Internet avant l’ouverture des portes.
D’autres dates, ailleurs…
- Les 2 et 3 avril à Bordeaux (Gironde) : Convention Tattoo
- Les 2 et 3 avril à Besançon (Doubs) : Besançon Tattoo Show
- Les 23 et 24 avril à Montpellier (Hérault) : Salon international du tatouage
- Les 2 et 3 juillet à Chaudes-Aigues : Cantal Ink