Un attentat déjoué en Ile-de-France
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - Martin Le Roy
De nombreux attentats ont été déjoués par les renseignements français ces derniers mois, notamment en Ile de France, où la DGSI a appréhendé à Créteil un jeune homme de 20 ans.
C’est que notre « Homeland » à nous est bien efficace. A en croire la presse du jour, plusieurs attentats ont été déjoués ces derniers mois sur le sol français. A Nice, où selon RTL les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont arrêté Ibrahim B., qui envisageait de reproduire une opération aussi spectaculaire que celle menée par Tamerlan Tsnarnaïev au marathon de Boston le 15 avril 2013. Il voulait visiblement faire exploser au moment du carnaval de Nice un explosif fabriqué à domicile, du TATP, capable de produire l’effet de plusieurs dizaines de grenades, un système utilisé lors des attentats de Marrakech en 2011. Il y a un an à Lille, Lyes D. a aussi été arrêté à Lille muni d’un mode d’emploi expliquant la façon de confectionner une bombe et une lettre en forme de caution religieuse pour commettre une action suicide.
Un jeune homme de Créteil arrêté
Et selon Le Parisien/Aujourd’hui en France, la DGSI a arrêté cet été Mohamed O., un jeune originaire de Créteil (Val-de-Marne) lors de son retour de Syrie via le Liban. Il projetait un passage à l’acte dans l’hexagone, que ce soit à Créteil ou à Paris. Jeune délinquant, décrit par son entourage comme quelqu’un de « poli », « un peu paumé » et qui « cherche à s’affirmer », le jeune homme de 20 ans était devenu une cible prioritaire des services de renseignement. Il était resté dans un relatif anonymat avant son départ en Syrie. D’après une source judiciaire, « il vivotait sans trop faire de bruit ». « Il était soupçonné de petits trafics, mais il n'avait pas le profil du criminel aguerri comme on en croise dans ce genre d'affaires. Il semblait même souffrir d'un manque de crédibilité auprès de délinquants plus chevronnés de son quartier », situé non loin de la mairie de Créteil
C’est en avril dernier que le destin de Mohamed bascule. Grâce à de l’argent issu d’une assurance personnelle, le jeune homme prend la direction de la Syrie. Ses parents et ses deux frères et sœurs ne soupçonnaient pas le moins du monde ses envies de départ. Quant à la justice et la police, son absence de radicalisme affiché n’avait pas justifié une quelconque surveillance. En Syrie, il intègre un camp d’entraînement du groupe Etat islamique (EI) et se forme aux méthodes de combats. Quelques semaines plus tard, il se porte volontaire pour mission suicide fomentée par les plus hauts cadres de l’EI. Il file alors au Liban, en compagnie d’un autre jeune Français originaire de Trappes (Yvelines) - aujourd’hui placé en détention provisoire en France suite à son expulsion de Turquie - où il a séjourné à l’hôtel, tous frais payés par l’EI
Mohamed fan des « méthodes Merrah et Nemmouche
D’après une source diplomatique, « les deux jeunes avaient pour mission de se faire exploser contre des enceintes chiites sur le sol libanais. Mais, au dernier moment, ils ont abandonné le projet ». La crainte du passage à l’acte ou le manque de visibilité de l’action ont conduit les deux djihadistes à regagner la Turquie. Son acolyte présumé reste sur place, tandis que Mohamed revient en France à la mi-juin et contacte un cadre de l’EI en Syrie expliquant « être prêt à travailler ». Les services de renseignement suivent à la trace toutes les étapes de son parcours, renforcent leur surveillance. Durant plusieurs jours, Mohamed évoque avec envie les « méthodes Merah et Nemmouche » et médite à des projets d’actions en usant énormément Internet.
Il se renseigne ainsi sur les lieux chiites implantés en France et se met en quête d’argent pour s’acheter des armes – fusil automatique et grenades –, concentre ses recherches vers la Suisse et les pays de l’Est où l’acquisition semble être la moins risquée. Les policiers de la DGSI n’hésitent alors plus à investir l’appartement familial le 1er juillet au matin, conscient de la dangerosité du jeune homme et du risque d’attentats contre des cibles potentielles, notamment confessionnelles. Mohamed a fait preuve de mutisme au moment de son arrestation et a nié toutes les accusations en garde à vue. Il a été mis en examen et a été écroué le 5 juillet pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Dans les rangs de la DGSI et au-delà, l’opération est un succès. Le risque de voir ce jeune « fragile et déterminé, qui voulait d’abord et avant tout s’affirmer » par ces actions se radicaliser davantage en prison est toutefois très fort.