Puteaux : un élu municipal au cœur de la sarkozye.
Publié le Par Jennifer Declémy
AFP/Bertrand Guay
A Puteaux, la maire UMP, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, ancienne suppléante de Nicolas Sarkozy, mène la vie dure à un élu de l'opposition, au mépris de certaines libertés élémentaires...
C’est un fief de la droite, et plus particulièrement de la sarkozye originelle. Une ville détenue depuis près de quarante ans par la famille Ceccaldi-Raynaud qui se déchire elle-même entre le père et la fille, Charles et Joëlle, et qui aujourd’hui doit faire face à bon nombre de polémiques et affaires judiciaires. Le tout sous le regard d’un conseiller municipal de l’opposition, ancien journaliste qui retranscrit tous ces épisodes sur son blog (www.monputeaux.com) et se pose en premier opposant au clan familial.
Christophe Grébert est désormais bien connu des habitants de Puteaux, lui qui fait l’objet de nombreuses et régulières plaintes de la part des élus UMP de la ville. La dernière en date, c’est une plainte émanant de 19 conseillers UMP contre le blogueur pour avoir révélé qu’ils habitaient de manière inégalitaire des logements sociaux dans des HLM. Lui-même a déposé une plainte contre la maire pour l’avoir violemment fait expulser du conseil municipal en février dernier.
Pour Christophe Grébert, la lutte contre la famille Ceccaldi-Raynaud commence en 2002, lorsqu’il lance son blog, critique de la politique menée par le père dans la ville qu’il détient depuis 1969. Ce dernier, pour le faire taire, l’empêche alors d’assister aux séances du conseil municipal en plaçant des employés devant les portes pour lui en interdire l’accès. Deux ans plus tard, il portera plainte pour diffamation contre le journaliste qui avait expliqué sur son blog qu’une employée municipale avait été licenciée pour avoir révélé les conditions douteuses d’attribution d’un marché public. Il sera relaxé en 2006 en premier instance et en 2007 en appel. En revanche, à la même époque Joëlle et Charles eux seront condamnés pour diffamation envers Christophe Grébert pour avoir inscrit sur le site de la mairie qu’il avait des « penchants pédophiles ».
En 2008, le blogueur lance une liste composé d’élus Modem, Verts, PS et un UMP dissident à l’élection municipale où il obtient 25,37% des voix et rentre au conseil municipal avec quatre colistiers. Et lors des cantonales de 2011, il met en difficulté le fils de Joëlle Ceccaldi en accédant au second tour qu’il perdra avec 47,7% des voix, soit quelques centaines de voix seulement, ce qui lui donne bon espoir pour les prochaines échéances auxquelles il se présentera pour tenter de renverser Joëlle Ceccaldi-Raynaud.
L’affaire rebondit de nouveau en février 2012, lors d’un conseil municipal particulièrement houleux durant lequel Christophe Grébert se fait expulser par la maire, soulevé, porté et maltraité par six policiers municipaux, raconte-t-il. La raison ? S’être opposé au paiement par la municipalité des frais de justice de la fille Ceccaldi dans une plainte qu’elle a déposé contre lui-même pour avoir révélé que la maire avait fait racheter tous les exemplaires du Canard enchainé de la Ville l’année dernière, au motif que le journal satirique y écrivait qu’elle possède un compte au Luxembourg sur lequel on trouve quatre millions d’euros. Un épisode d’autant plus douteux qu’après l’éviction de l’élu centriste et le reste de l’opposition l’ayant suivi, la maire a fait voter cette disposition, et ce en censurant le compte-rendu du conseil sur lequel n’est même pas mentionné l’incident.
Cet épisode illustre les relations désastreuses qui nt actuellement entre la majorité UMP de la ville et l’opposition, menée par le journaliste/blogueur. Ce dernier dénonce à Puteaux l’existence d’un « système violent, une opposition déconsidérée et délégitimée » par Joëlle Ceccaldi-Raynaud qui « fait ce qu’elle veut ». Mais plus grave encore, la maire est accusée par Christophe Grébert d’opérer sur lui un véritable « harcèlement judiciaire » : en dix ans, l’élu déclare ne plus compter le nombre de procédures judiciaires enclenchées contre lui, mais en dénombre au moins une douzaine. Le but ici est très simple : asphyxier financièrement Christophe Grébert, élu qui gagne en voix à chaque élection et qui pourrait bel et bien menacer le clan d’ici l’échéance de 2014. En attendant il s’agit donc de le faire taire en le submergeant de procédures judiciaires en tout genre, situation qui effectivement met en difficulté le journaliste qui avoue ne pas avoir les moyens financiers pour faire face aux frais d’avocat notamment.
Un comité de soutien a récemment été mis en place pour aider l’opposant à la famille Ceccaldi, qui compte aujourd’hui environ 500 membres, et Christophe Grébert a reçu il y a quelques jours le soutien de Reporters Sans Frontières qui s’inquiète du « harcèlement judiciaire » que connait le blogueur et que l’association dénonce comme « symptomatique d’une forme de censure pernicieuse Il est facile de faire taire un blogueur citoyen à coups d’intimidations, de pression et de procès. Face à des adversaires plus puissants et mieux armés, les blogueurs n’ont plus d’autre choix que l’autocensure ». En effet Christophe Grébert, qui tient un des blogs locaux les plus lus de France, a évoqué la possibilité de devoir fermer son blog suite à ces pressions judiciaires.
Gilou
27/03/2012 18:47
Bienvenue en sarkozie ! Vivement qu'on change d'air ... et courage Monsieur Grebert !