Guerre des mots à l’UMP : Alain Juppé tente d’apaiser les tensions
Publié le Par Antoine Sauvêtre
francediplomatie - flickr
Ce week-end, plusieurs ténors de l’UMP se sont livrés à une guerre des mots au sujet du trio d’anciens premiers ministres qui doit assurer l’intérim à la présidence du parti. Ce lundi, Alain Juppé pose ses conditions et refuse que l’UMP se divise.
En signalant ce lundi que sa participation au triumvirat ne devait pas être « source de division », Alain Juppé a peut-être réagit un peu tard. Car durant le week-end, Nadine Morano et Claude Guéant s’étaient déjà élevés contre l’ « illégalité » que représente le trio censé mener le parti jusqu’au congrès d’octobre qui désignera le nouveau président de l’UMP.
Debré vs Morano
Ce week-end a été le théâtre d’affrontements verbaux entre ténors du parti. Notamment entre la sarkozyste Nadine Morano, récemment élue au Parlement européen, et Bernard Debré, député UMP de Paris. La première a lancé les hostilités en dénonçant le trio Fillon-Juppé-Raffarin, qui « n’a aucune légitimité » pour diriger le parti. « Après la crise de l’élection interne de novembre 2012, nous nous sommes dotés de nouveaux statuts, indique-t-elle. J’observe que ceux qui les réclamaient avec vigueur les bafouent aujourd’hui. Je ne peux accepter cette situation qui nous met dans l’illégalité », a-t-elle lâché dans le Parisien. Elle rejoignait ainsi la position de Claude Guéant.
Une réaction qui n’a pas manqué de faire réagir Bernard Debré, sur RFI, ce matin. Et les mots sont durs à l’encontre de Nadine Morano et Claude Guéant. « Je vais vous dire très franchement, je ne veux pas être grossier mais ils commencent à nous ennuyer, j’allais dire à nous emmerder », s’est-il emporté. Le député UMP de Paris attaque même ses deux collègues sur leur légitimité à s’exprimer ainsi. Pour lui, Nadine Morano doit se contenter « d’être député européen. Elle n’avait aucun titre à l’être si ce n’est que c’était une récompense parce qu’elle avait été battue, alors on la met là-bas, elle commence à nous casser les pieds », lance-t-il. Quant à Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, « il n’est rien. Il a été très proche de Nicolas Sarkozy, très bien, mais il s’est fait battre aux élections législatives ».
VIDEO A partir de 4'50
B.Debré:«L’avenir de l’UMP passe par des idées... par rfi
Nadine Morano a poursuivi la rixe sur le réseau social Twitter :
Debré fait un mauvais diagnostic et apporte un mauvais remède qu'il aille consulter un juriste cela lui évitera de dire n'importe quoi
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
Debré n'est pas membre du bureau politique statutaire de l'Ump. Je rappelle que personne n'a démissionné contrairement à ce que j'entends !
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
J'assume de casser les pieds à faire respecter le droit et nos statuts. je rappelle à Debré que Juppé a été battu aux législatives...
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
Pour la politesse, le respect et la réflexion un peu sensée, je prescris à Debré un remède de cheval à vie ! Fin d'ordonnance
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
Les conditions de Juppé
Pour tenter d’apaiser les tensions, Alain Juppé a réagi ce lundi 2 juin. « Je ne participerai au groupe des trois qu’à deux conditions : que la décision ne soit pas source de division mais soit prise de manière consensuelle ; que ce groupe ait les moyens d’organiser le fonctionnement de l’UMP sur des bases administratives et financières clarifiées », a-t-il écrit sur son blog. Autrement dit, le bureau politique de l’UMP, qui se réunira avant le 15 juin (date du départ effectif de Jean-François Copé), devra donner son accord, et le président démissionnaire doit être transparent avec celui, ou ceux, qui lui succéderont.
Nul doute que d’ici le 15 juin, les réfractaires du triumvirat s’exprimeront encore pour dénoncer l’ « auto-désignation », selon les termes de Claude Guéant, du trio à la tête du parti. Et la guerre des mots pourraient même devenir un conflit judiciaire. N’importe quel militant UMP peut contester en justice la direction actuelle car les statuts du parti ne permettent pas aux trois anciens premiers ministres d’en prendre les commandes. Seul le congrès prévu le 12 octobre pourrait mettre un terme à la crise en modifiant les statuts. D’ici là, la route s’annonce longue et sinueuse.