France Politique

Manuel Valls : J'assume !... J'assume !... J'assume !...

Publié le  Par Patrick Béguier

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Pour faire passer son pacte de stabilité, le Premier ministre a dramatisé le débat à l'Assemblée nationale et s'est volontairement exposé au danger. La plupart des commentateurs se focalisent sur les 41 députés socialistes qui se sont abstenus et sur les pièges qui se multiplieront désormais sur le parcours de Manuel Valls. Et si le plus important était le plan d'économies lui-même ? Par Patrick Béguier

 
 
 
 
 
Ça devait être un vote "indicatif", un rendez-vous politique, un exercice de démocratie, sans effet direct sur la survie (?) du tout nouveau gouvernement. Mais le Premier ministre, arc-bouté sur son plan d'économies de 50 milliards, a voulu en faire un vote "décisif". "Le résultat du vote conditionne la légitimité du gouvernement, la crédibilité de la France", a-t-il lancé dans un hémicycle qui a eu du mal à se remplir. Le ton était celui d'une déclaration de politique générale, la demande portait non sur telle ou telle orientation mais carrément, totalement, sur la confiance. 
 

Rancœur

 
Alors, oui, ce ne sera pas facile, de projet en budget, de mettre en œuvre ce plan. Un fort contingent de socialistes qui, après le désastre des municipales, éprouvent déjà une vive rancœur vis-à-vis de François Hollande, vont s'opposer pied à pied aux avancées de Manuel Valls. Après le pacte de responsabilité qu'ils jugent être, selon la formule consacrée à gauche, un "cadeau" aux patrons, ils ne sont pas près d'avaler le "plan calibré, bien réparti et juste" vanté par le Premier ministre. Certains, bientôt, n'hésiteront pas à parler de "trahison".
Mais que proposent-ils, ces défenseurs du peuple, pour remettre la France sur ses pieds ? Où est leur contre-plan  ? Il n'y a pas de politique de l'offre quand on est de gauche, affirment-ils. Autrement dit, la gauche, c'est la politique de la demande, c'est l'augmentation du pouvoir d'achat, c'est le keynésianisme éternellement revisité. Il y a encore de l'argent dans les caisses ? De l'État, des entreprises ?… 
 

Hache et guillotine

 
Il n'est pas question d'accorder un blanc-seing à Manuel Valls. Il doit rester sous l'étroite surveillance de tous les élus de la République, mais ne pas lui accorder sa chance serait une grave erreur. Certains pays voisins ont procédé à la hache. Lui ne dresse pas la guillotine : 50 milliards à prendre sur les 1 100 milliards de dépenses publiques, tout confondu (État, collectivités territoriales, Sécurité sociale), c'est un pourcentage acceptable. On peut même d'entrée lui reprocher de donner des coups de rabot plutôt que de couper quelques membres inutiles et coûteux. En France, il y a beaucoup trop de niches fiscales et à l'intérieur de chacune d'elles, un chien méchant ! Quant à la réforme territoriale, elle prendra du temps et, de toute façon, entraînera des dépenses supplémentaires sur le court terme. L'on n'ose même pas penser aux querelles de clocher qu'elle provoquera…
 
 
Manuel Valls est l'un des rares hommes politiques français à faire preuve de courage. Si les maux d'estomac des socialistes, les petits calculs de l'UMP parviennent à gangrener son action, il ne restera plus à Marine Le Pen qu'à rappliquer en urgence avec ses faux remèdes.
 
Patrick Béguier est journaliste et écrivain
 
 
 
 






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