La nomination de Manuel Valls divise la majorité
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Capture d'écran gouvernement.fr
Si les critiques de l’opposition étaient attendues, celles des Verts et d’une partie de la gauche étaient moins prévisibles et surtout plus gênantes pour le nouveau gouvernement.
Depuis ce matin, les différentes personnalités multiplient les apparitions médiatiques pour commenter la nomination de Manuel Valls en tant que premier ministre. Si les proches de François Hollande défendent ce choix, d’autres, parfois alliés politique du PS, se distinguent. L’UMP dénonce un coup de communication.
Les Verts
Première conséquence de la nomination de Manuel Valls à Matignon : les Verts ne devraient plus participer au gouvernement. Cécile Duflot, la désormais ancienne ministre du Logement, l’avait annoncé bien avant la nomination du nouveau premier ministre. Elle ne fera pas partie d’un gouvernement avec Manuel Valls à sa tête.
Quelques heures après l’annonce de François Hollande, c’est un autre écologiste, Pascal Canfin, qui fait part de son désaveu au nouveau chef de gouvernement, ou plutôt de « sa ligne politique ». Son parti, EELV, prononcera « une fin de non recevoir » si Matignon leur proposait quelques postes de ministre. « Nous ne sommes pas au gouvernement pour être au gouvernement », s’est-il expliqué. Pourtant, le député européen avoue que « la place de numéro deux du gouvernement » a été proposé à Cécile Duflot.
VIDEO Pascal Canfin sur France Inter
Canfin : "Duflot, on lui a proposé la place de... par franceinter
Le PS
Tous les membres du Parti socialiste ne sont pas non plus favorables à Manuel Valls. Ce que l’on appelle couramment « l’aile gauche » du PS ne défend pas le choix du président. Henri Emmanuelli dénonce « un coup de barre à droite », une mauvaise réponse à « ce qu’il s’est passé » le week-end dernier, à savoir la défaite du PS aux municipales. Le député des Landes explique même avoir fait part au président que son « vote pour la confiance [au gouvernement] n’était pas acquis ».
VIDEO Henri Emmanuelli sur BFM TV
Bourdin Direct: Henri Emmanuelli - 01/04 par rmc
Le Front de Gauche
Encore plus à gauche, le choix de Manuel Valls fait évidemment grincer des dents. Celles de Jean-Luc Mélenchon notamment, qui estime que le président de la République n’a pas compris « le sens du vote » des Français. Lui aussi accuse François Hollande d’avoir dévié à droite : « il renonce à convaincre que la direction pour la société, c’est la gauche », analyse-t-il. Et il prédit que « l’étranglement de la politique d’austérité va continuer ».
VIDEO Jean Luc Mélenchon sur France Info
Mélenchon appelle à manifester le 12 avril par FranceInfo
Le Front National
Moins étonnant, le Front National critique très largement la décision du président. Florian Philippot, porte-parole du parti frontiste. Il prédit une « politique d’échec » similaire de la part du nouveau premier ministre et critique le bilan de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur. « Un échec place Beauvau ne va pas se transformer en succès à Matignon », a-t-il lancé.
VIDEO Florian Philippot sur BFMTV
Pour Philippot, "un échec place Beauvau ne va... par BFMTV
L’UMP
Un florilège de communiqués de presse d’élus UMP ont été envoyés pour commenter le discours de François Hollande hier. Tous, comme la secrétaire générale de l’UMP Michelle Tabarot, dénoncent « un remaniement [qui] ne changera rien », sans « changement de cap ».
Sébastien Huyghe, député UMP du Nord, voit la nomination de Manuel Valls comme « une forme inédite de cohabitation : celle du gouvernement avec sa majorité ». Pour lui, le discours d’Hollande n’était qu’une « gigantesque opération de communication »
Plus que le changement de gouvernement, la droite attaque le pacte de compétitivité, « rejeté par la gauche de la gauche, le patronat et les syndicats » selon Valérie Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP, et le pacte de responsabilité. Sébastien Huyghe dénonce enfin le nouveau pacte, celui « de solidarité », nouvel élément de « la célèbre boîte à outils » du Président.
D’autres personnalités politiques, moins médiatisées, ont réagi par l’intermédiaire de communiqués.
Debout la République
C’est le cas de Nicolas Dupont-Aignan, président du parti Debout la République. Il juge la nomination de Manuel Valls « inquiétante mais pas étonnante » et dénonce « un remaniement de forme pour ne pas changer le fond ». Et le député de l’Essonne est particulièrement critique à l’encontre du nouveau premier ministre qui a « démontré son incompétence pour assurer la sécurité des Français, en refusant notamment de remettre en cause l’espace Schengen ». Quant à la ligne économique de Manuel Valls : « il est l’exemple type de la social-démocratie molle qui a échoué partout en Europe et qui s’est toujours soumis aux injonctions de la Commission européenne ».
Mouvement républicain et citoyen
L’Europe est également au cœur des préoccupations du MRC, soutenu par Jean-Pierre Chevènement. Son président Jean-Luc Laurent, député du Val-de-Marne, veut que « la France hausse le ton en Europe » et cesse « d’accompagner une politique de déflation ». Il milite notamment pour « une baisse de l’Euro, une remise à plat de la monnaie unique et l’abandon des dogmes libéraux de la Commission Européenne ». S’il souligne « les grandes qualités » de Manuel Valls, il appelle le nouveau premier ministre et le président de la République à « prendre des décisions courageuses ».
Nous Citoyens
Denis Payre, le président du mouvement politique qui se dit « non partisan » Nous Citoyens soutient le discours de François Hollande « en phase avec les besoins de notre pays ». Le mouvement, qui milite pour « une réduction drastique des dépenses publiques et un soutien au PME et TPE », s’interroge en revanche sur « la capacité à réussi d’un Premier ministre qui reste un homme politique de carrière ne connaissant pas l’entreprise où se créent les emplois marchands dont la France a tant besoin ».