Pacte de responsabilité : l'aile gauche du PS gronde
Publié le Par Antoine Sauvêtre
François Hollande - flickr
Juste avant la tenue d'un séminaire interne, lundi 10 février, sur le pacte de responsabilité, le Parti socialiste se divise. Plusieurs membres ont adressé à François Hollande une tribune très critique à l'encontre de sa politique « social-libéral ».
François Hollande a pu profiter du soutien du Modem pour se faire élire en 2012. Mais à force de tendre vers le centre, il risque bien de fâcher sa droite, comme sa gauche. Constamment conspué par l’UMP, souvent critiqué par le Front de Gauche, le président fait désormais l’objet d’un blâme de la part de l’aile gauche… du PS. A quelques heures d’un séminaire sur « la réussite du pacte de responsabilité », certains responsables socialistes, plus à gauche que la moyenne, ont jugé le moment opportun pour remettre un document critiquant la politique du chef d’Etat. En ligne de mire : son virage social-libéral entamé début janvier.
Division du PS
Parmi les signataires, quelques noms connus. Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, membres du courant « Maintenant la gauche » et du Bureau National du PS pour le premier. Mais aussi Henri Emmanuelli, ancien ministre, ou des proches de Benoit Hamon (le ministre de la consommation ne l’a pas signé). Dans cette tribune, intitulée « Il n’y a pas qu’une seule politique possible », ils déplorent la course en solitaire du président. « Tout ne peut pas procéder d’un seul homme » écrivent-ils avant d’appeler à « faire vivre la promesse » du discours du Bourget en janvier 2012, lorsque François Hollande désignait la finance comme son principal « adversaire ».
Pacte de responsabilité
L’aile gauche du PS avoue également que « l’orientation en matière de politique économique suscite des désaccords et des inquiétudes dans nos rangs ». Comprendre : le pacte de responsabilité divise le parti. « Nous ne nous reconnaissons pas dans le discours qui tend à faire de la baisse des charges et du coût du travail la condition d’un retour de la croissance », détaillent-ils. Outre la nouvelle politique économique de l’offre du président, les détracteurs dénoncent les économies de 50 milliards d’euros des dépenses publiques pour financer la politique familiale. Ils redoutent que cela ne « rogne sur le modèle social français ».
Rapprochement avec l’extrême gauche
Mais plus que ces points précis, ils accusent le président de ne pas prendre en compte les considérations de son propre parti. En somme, de diriger seul, sans consultations. C’est pourquoi, ils réclament un PS « autonome » et un « rassemblement de la gauche », avec le Parti communiste et le Parti de Gauche. Las, le président souhaite non seulement la mise en place du pacte de responsabilité, mais veut même l’accélérer. Est-ce les prémices d’une scission au sein du PS ? En tout cas, la crise couve. Orphelin du président, Harlem Désir, premier secrétaire du parti, va devoir remettre de l’ordre dans ses rangs.
Texte-séminaire-Balas-Maurel by LeMondefr