Karachi : la Cour de Justice de la République compétente pour juger l’affaire
Publié le Par Roxane Bayle
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La CJR est « susceptible » de juger Edouard Balladur et François Léotard, dans l’affaire Karachi, selon le parquet de Paris.
Les investigations menées dans le cadre de l’affaire Karachi, qui pourraient mettre en cause l’ex-Premier ministre Edouard Balladur et François Léotard, ex-ministre de son gouvernement, devront « se dérouler devant » la Cour de Justice de la République (CJR).
Avis favorable sur la compétence de la CJR.
La fonction première de la CJR est, en effet, d’enquêter et de juger des ministres ou ex-ministres sur les actes commis dans le cadre de leurs fonctions. Elle reste donc l’organe le plus compétent pour juger cette affaire, selon le procureur de la République de Paris. Les deux juges financiers en charge du dossier Karachi, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, avaient demandé son avis sur la compétence de la CJR, le 16 décembre dernier.
Aucun élément à l’encontre de Nicolas Sarkozy à l’heure actuelle.
Pour l’instant, les deux juges ont procédé à plusieurs arrestations : celles de Ziad Takkiedine et d’Abdulrahmane el Assir, ainsi que de Nicolas Bazire, Thierry Gaubert et Renaud Donnedieu de Vabres, personnes qui font toutes partie de l’entourage d’Edouard Balladur. Ils n’ont, pour l’heure, aucune preuve contre Nicolas Sarkozy, qui était alors ministre du Budget : «L'affaire Karachi n'est pas l'affaire Sarkozy, mais il devra être entendu à un moment ou à un autre par la Cour de justice de la République, en qualité de témoin assisté» selon Marie Dosé, avocate des victimes, dont les propos ont été recueillis par Le Parisien.
L’attentat de Karachi, survenu le 8 mai 2002, a tué 15 personnes dont 11 ouvriers de la DCN. Si les enquêteurs ont longtemps privilégié la thèse de l’attentat islamiste, le juge en charge de l’affaire, Marc Trevidic, a réorienté l’affaire en 2009 : pour lui, cet attentat serait des représailles envers la France suite à l’arrêt du versement de commissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan. Ces échanges ont pu, selon les magistrats, servir à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, en 1995.
Si l’ancien Premier ministre clame fort avoir financé sa campagne par des moyens légaux, les enquêteurs s’intéressent de plus en plus à ses biens, notamment à l’acquisition de sa villa de Deauville (Calvados). Du côté de François Léotard, c’est le financement des travaux de sa villa de Fréjus (Var) qui intéresse les magistrats.