Prostitution : les partis divisés avant le débat à l’Assemblée sur l’amende des clients
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Nils Hamerlinck - flickr
La proposition de loi suggère une mise à l’amende des clients de prostituées. Les députés sont divisés sur l’efficacité de la mesure, notamment concernant la lutte contre les réseaux de prostitution.
Le « plus vieux métier du monde » s’invite à l’Assemblée Nationale. Ce soir, ou vendredi selon l’avancée de l’ordre du jour, les députés examineront la proposition de loi visant à punir les clients qui ont recours à la prostitution. Selon ses rapporteurs, Maud Olivier (PS), Catherine Coutelle (PS) et Guy Geoffroy (UMP), cette loi a des objectifs multiples : punir l’achat d’actes sexuels, sensibiliser les clients, et accompagner les professionnelles qui veulent quitter la prostitution.
Punition et sensibilisation
D’abord prévu pour condamner les clients à une peine de prison, le texte a été réajusté pour aboutir à une amende de 1500 €, doublée en cas de récidive. Un stage de sensibilisation sera alors soumis aux fraudeurs. Les parlementaires choisiront si ce stage viendra s’ajouter à la contravention ou, au contraire, s’il sera une alternative.
Du côté des prostituées, des mesures d’accompagnement social et professionnel seront mises en place pour celles qui souhaitent sortir de leur activité. Les étrangères, qui représenteraient entre 80 et 90% des professionnelles selon le ministère de l’Intérieur, se verront offrir un titre de séjour de 6 mois, renouvelable, en échange de leur engagement à quitter la prostitution. Enfin si le texte est voté le 4 décembre prochain, il prévoit également l’abrogation du délit de racolage passif adopté en 2003.
Division de la classe politique
Les députés se divisent sur le sujet, y compris au sein des divers partis. Le PS devrait voter majoritairement pour (120 élus ont cosigné le texte) mais Jean-Marie Le Guen, Bernard Roman ou encore Catherine Lemorton émettent des réserves sur son utilité. Le Front de Gauche s’est également prononcé pour la loi qui « contient des mesures réelles, en particulier d’accompagnement » selon André Chassaigne.
L’UMP est tiraillée. Son président, Jean-François Copé, voit d’un « œil très favorable » cette proposition et devrait voter pour ou s’abstenir. Philippe Gosselin en revanche, considère que la loi « va contribuer à mettre à l’écart les prostituées » et va donc voter contre. L’UDI et les radicaux de gauche appellent à la « liberté de vote » de leurs élus. Seuls les écologistes se sont majoritairement prononcés contre : « Le texte ne résout rien, ou si peu de choses, par rapport à la condition d’esclave dans laquelle sont de nombreuses prostituées victimes de réseaux. Il y a un mélange entre les situations de ces prostituées et d’autres qui ne sont pas victimes de traites. »
Dans les médias, les témoignages de clients sur les raisons de leurs achats d’actes sexuels et de prostituées défendant leur profession se multiplient. Mais celles victimes de réseaux, les étrangères notamment, restent inévitablement silencieuses.