François Hollande a quitté le bleu de chauffe et posé sa caisse à outils pour se transformer hier en vaillant soldat de l'An II. Direction l'Europe qu'il faut sortir de sa "langueur" ! Dans son havresac, "un gouvernement économique avec un président pour cette seule tâche", un plan pour l'insertion des jeunes d'Europe, une stratégie d'investissement et une communauté européenne de l'énergie.
Donc, le président de la République passe à l'offensive. La crise française est d'abord européenne. Il ne faut pas se tromper de dimension ni d'espace ! Les derniers chiffres sur la croissance dans les différents pays d'Europe montrent, en effet, que personne n'échappe vraiment à l'atonie musculaire qui affecte le vieux continent. Même l'Allemagne, modèle économique sans cesse réécrit sur notre tableau noir, commence à faiblir sur ses jambes.
Bien entendu, le mouvement se prouve en marchant et la France doit montrer l'exemple sur le chemin de la croissance. Alors, mobilisation générale aux six coins de l'Hexagone ! Il faut mieux orienter l'épargne des Français, réformer l'assurance-vie, revoir les règles administratives, etc. Le tout au bénéfice des entreprises car "ce sont (elles) qui créent des emplois". Même s'il s'est défendu d'être un social-libéral en affirmant qu'il était "un socialiste qui veut faire réussir la France", l'appel à leur énergie créatrice restera la marque de cette deuxième conférence de presse. On entend déjà les cris d'orfraie de la gauche de la gauche : tout pour les patrons, rien pour les travailleurs qui devront continuer à se serrer la ceinture ! Pas de relance de leur pouvoir d'achat !
Forteresse allemande
Mais si François Hollande a assuré qu'il savait commander ("Je n'ai cessé de décider depuis que je suis là") et a tenu à afficher son volontarisme, il est resté bien discret sur les mesures d'économie qui doivent être prises parallèlement aux actions qui devraient favoriser un retour à la croissance. Quelles dépenses publiques supprimer ? Dans quels domaines précis ? Comment faire pour que la rigueur budgétaire ne vienne pas stopper les velléités offensives, même si Bruxelles vient de nous accorder un délai de deux ans pour atteindre les fameux 3% de déficit ? Et le soldat de l'An II peut-il compter sur la "levée en masse" de ses compagnons socialistes ? Réunis à la Maison de l'Amérique latine, les députés et sénateurs PS ont semblé vouloir lui emboîter le pas.
Reste à savoir si Angela Merkel ouvrira enfin les portes de sa forteresse et si les autres leaders européens ne seront pas effrayés par cette brutale avancée. N'oublions pas que, lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait clamé sa volonté de mettre l'Europe en mouvement et qu'une fois élu, il s'était retrouvé devant de hauts remparts.