La droite commence son droit d’inventaire.
Publié le Par Jennifer Declémy
Depuis la défaite législative, certains esprits à droite vident leur sac et blâment la droitisation des campagnes menées depuis plusieurs mois, ce qui n'est pas du goût de tout le monde à l'UMP.
On le pressentait depuis la défaite à la présidentielle, et c’est depuis la semaine dernière qu'une partie de l’UMP a donc entamé son droit d’inventaire sur les défaites successives connus par le parti depuis près de cinq ans maintenant. Avec deux livres signés de la main d’anciens ministres qui blâment la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy et des déclarations critiques qui se multiplient, la frange modérée de la droite parlementaire semble décidée à faire son mea-culpa, mais jamais en blâmant directement l’ancien président de la république.
La charge la plus violente provient de Roselyne Bachelot, que l’on a peu entendue durant la campagne présidentielle, et qui dénonce les conseillers entourant Nicolas Sarkozy et responsables, selon elle, de la dérive lepéniste du parti. L'ancienne ministre demande officiellement à ce qu'un inventaire du sarkozysme soit dressé dans le but de préparer le congrès de l'automne prochain. Selon elle, "il faut commencer cet inventaire (...) La lucidité est toujours douloureuse mais celui qui ne pratique pas la solidité bâtira la construction sur du sable".
Même son de cloche chez beaucoup d’anciens ministres comme François Baroin, Bruno Le Maire ou encore NKM qui chargent les Patrick Buisson ou Claude Guéant, tandis qu’Alain Juppé ou François Fillon reconnaissent tout d’un coup que la stratégie du ni-ni n’était pas la bonne durant l’entre-deux tours des élections législatives. Et l'ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy a même été très loin hier en déclarant penser que Patrick Buisson avait pour objectif "de faire gagner Charles Maurras [l'extrême-droite] plutôt que Nicolas Sarkozy".
Cette remise en cause par certains anciens ministres n'est cependant pas du goût de Jean-François Copé qui se dit choqué par cette inventaire que veut notamment dresser Roselyne Bachelot et a ainsi déclaré ce matin "lorsque je vois un certain nombre de personnalités, qui par ailleurs ont été ministres de Nicolas Sarkozy, ont eu pour certaines d'entre elles une très grande proximité avec lui, les entendre aujourd'hui dire des choses à l'opposé de ce qu'elles ont fait, de ce qu'elles ont dit, j'avoue que ça me stupéfait un peu".
Jean-François Copé par franceinter
Si personne n’ose attaquer de front Nicolas Sarkozy, la question de la continuation de la lepénisation de l’UMP constitue désormais la question primordiale pour les principaux responsables, sur fond de querelles intestines entre les partisans de Jean-François Copé et ceux de François Fillon, entre Droite Populaire et Droite Humaniste. Et pour le premier, il a d’ores et déjà prévenu qu’il était hors de question de commencer un inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ses proches ne sont cependant pas tous d’accords, et trois de ses alliés, Valérie Pécresse, François Baroin et Bruno Le Maire ont pris leurs distances avec le député-maire de Meaux. Au sein de l’UMP, le débat fait donc rage entre extrémistes et modérés, mais sans que le débat d’idées et l’inventaire officiel n’aient encore commencé. On les attend avec impatience.