Présidentielle : recadrage à droite pour Marine Le Pen.
Publié le Par Jennifer Declémy
L'offensive à droite ne vient pas seulement du camp Sarkozy mais aussi du camp Front National qui voit avec inquiétude le chef de l'état revenir sur son territoire.
Fini les longs discours fustigeant les patrons et le capitalisme. Au vu de ses baisses récurrentes dans les sondages depuis deux mois, Marine Le Pen a décidé de recentrer son discours sur les bases mêmes du Front National, en déléguant néanmoins le sale boulot à son entourage.
Elle se contente d’attaquer Nicolas Sarkozy, qui est désormais devenu sa principale cible, au détriment de François Hollande. Voulant se poser comme la principale adversaire du chef de l’état, et prétendant sans rougir que lui aussi a peur d’elle et la pose comme sa seule opposante, Marine Le Pen multiplie les sorties contre lui et revient sur des thèmes plus populaires à l’extrême-droite : immigration et menace de l’islamisation de la France. Illustration de ce retour aux sources : la polémique lancée sur le halal en Ile-de-France. Etonnamment, au même moment à Marseille Nicolas Sarkozy lui aussi fait allusion au halal qui s’imposerait dans les cantines.
Et pendant que l’héritière de Montretout revient à ses fondamentaux, elle laisse son entourage droitiser le discours du Front National et revenir à des polémiques qui ont déjà marché dans le passé. C’est par exemple son père qui cite Brasillach, collabo notoire, à la fin de son discours, ou son compagnon Louis Aliot qui cite un ancien membre de l’OAS. Et même la jeune génération entame un virage à droite, en s’affichant avec des membres de la GUD.
Ce retour vers l’extrême-droite est absolument nécessaire à Marine Le Pen, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle a beau prétendre représenter 20% de français, on serait plus aux alentours de 15%, soit 10% de moins que Nicolas Sarkozy, ce qui diminue considérablement ses chances de figurer au second tour. Or, le 22 avril prochain, la candidate du Front National doit obtenir le meilleur score possible, au moins au-dessus de 20%, si elle veut réussir les législatives deux mois plus tard : cet enjeu est sans doute plus crucial encore que la présidentielle car une victoire de quelques sièges en juin prochain satisferait la faim de pouvoir de Marine Le Pen tout en lui permettant de rentrer dans le système politique, d’obtenir un tremplin national et une tribune, tout en accordant à son parti des subventions publiques dont il a besoin.
Ce positionnement à droite s’explique également tout naturellement par l’inflexion du discours du président sortant, qui a choisi de son plein gré de se positionner sur les terres du Front National, de manière encore plus flagrante qu’en 2007. Ne pas se laisser dépasser est donc un impératif désormais, mais un impératif qui ne déplait guère à la candidate dans la mesure où son discours économique ne séduit pas et ne la crédibilise pas, bien au contraire.
Les semaines qui s’annoncent risquent donc de faire voir un duel entre Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy sur les terres d’extrême-droite, chacun rivalisant dans un patriotisme exacerbé et un nationalisme exalté. C’est presque une primaire à la droite de la droite qui va se tenir jusqu’au 22 avril 2012.