Présidentielle : François Hollande répond à Nicolas Sarkozy à Rouen
Publié le Par Jennifer Declémy
Si officiellement François Hollande veut rester zen face à la déclaration de candidature de son adversaire UMP, il n'en a pas moins répondu à distance, conscient de l'importance du moment.
La date d'hier n'avait pas été choisie au hasard par Nicolas Sarkozy, qui ne résiste jamais à l'envie d'éclipser son adversaire socialiste dans les médias. La déclaration de candidature a donc eu lieu le jour où François Hollande était en meeting dans sa ville natale, à Rouen. Cependant, ce dernier n'est pas resté muet hier soir.
C'est donc un meeting qui a pris les traits d'un réquisitoire en règle contre le bilan de Nicolas Sarkozy qu'il qualifie de "fiasco", mais aussi d'une attaque sur ce que sera la campagne du président sortant, "le scénario est écrit, le candidat sortant nous promettra du neuf, il tentera de faire de ses faiblesses une force. Il s'est trompé pendant cinq ans et justement ce sera son expérience ! Il prétendra que les recettes de l'austérité sont des remèdes du XXIe siècle, qu'il faut oublier le bilan, que la crise est passée par là, que tout s'efface, que seul l'avenir compte, mais c'est sa politique qu'il faut changer".
Malgré les intentions de l'UMP de faire campagne sur les idées nouvelles que leur candidat compte insuffler, le socialiste n'en démord pas : il ne faut pas oublier le bilan du président actuel, notamment parce que c'est probablement ce qui l'aidera à remporter l'élection présidentielle. Doté d'un programme très consensuel, François Hollande cherche avant tout à miser sur l'antisarkozysme latent de la société française et sur le bilan très mauvais pour être élu. Deux stratégies différentes donc.
Mais le député de Corrèze n'aura pas oublié pendant ce meeting sa touche d'humour habituelle, ironisant sur le buzz fait autour de cette déclaration "que nous connaissions depuis des semaines, depuis toujours ! La vérité c'est que le président candidat est candidat depuis cinq ans". Un pied de nez aux affirmations du chef de l'état selon lesquelles il aura pris cette décision ces dernières semaines.
Au-delà de ces attaques, Français Hollande a exprimé le désir d'avoir "un débat digne et à la hauteur de l'enjeu car c'est de notre pays qu'il s'agit, pas de nos sorts personnels". Lui aussi veut donc parler au peuple pour "l'élever autour d'une grande cause", à savoir la victoire de la gauche. Sur le fond on peut être totalement d'accord, mais on peut aussi être extrêmement pessimiste étant donné la tenue du débat politique de ces dernières années, qui n'a fait qu'empiré ces derniers mois, avec des polémiques dignes du caniveau et des snipers qui font dans le "gros rouge qui tache". La campagne a donc commencé hier soir, mais qui restera digne ?