Paris : polémique autour d’anciens élus employés par l’administration de la Ville
Publié le Par Antoine Sauvêtre
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Anne Hidalgo a placé quatre anciens élus de la majorité dans l’administration de la Ville. Le conseiller de Paris UMP Pierre-Yves Bournazel s’indigne. La mairie s’explique.
Un pavé dans la marre. Le journal Le Parisien révèle ce mercredi la nomination de quatre anciens élus de la majorité de Paris, dans l’administration de la Ville. Un ancien élu communiste, deux écologistes et un socialiste sont concernés. Selon les cas, leurs fonctions dans l’administration semblent floues, obligeant la mairie de Paris à se justifier par communiqué de presse et à répondre aux attaques de Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris UMP et ancien candidat aux municipales dans le 18ème arrondissement.
Quatre anciens élus
Pierre Mansat, ancien adjoint PCF de Bertrand Delanoë chargé du Grand Paris, a été nommé par Anne Hidalgo elle-même, le 6 avril dernier à l’inspection générale de la Ville. A l’origine, il devait figurer dans la liste de la maire de Paris lors des dernières élections municipales, mais il n’avait finalement pas été retenu. Pour cette mission, il devrait toucher un salaire estimé entre 7 000 et 8 000 euros. De plus, il est également rattaché au secrétariat général pour suivre « la mise en place de la métropole et l’adaptation de l’administration parisienne à cette future échéance », a-t-il expliqué au Parisien. Sa nomination a bel et bien été annoncée au Bulletin municipal officiel.
En revanche, celle de Sylvain Garel, co-président du groupe EELV non réélu en mars dernier, en tant que chargé de mission à la direction générale des relations internationales n’y figure pas, selon Le Parisien. En tout cas, pour le moment. Son contrat, d’une période de 6 mois, consiste notamment à travailler à la lutte contre le Sida en Afrique. « Ça me repose de ne plus être sous les feux de la rampe », indiquait-il au Parisien.
La situation de Fabienne Giboudeaux, elle aussi élue écologiste et ancienne adjointe chargée des espaces verts, est plus floue. Si elle dispose déjà d’un bureau, sa « mission sera déterminée dans le courant du mois de juin », expliquait-elle au Parisien.
Même problème pour Romain Lévy, ancien élu socialiste du 6ème et candidat malheureux dans ce même arrondissement en mars. Il dispose bien d’une ligne téléphonique à l’Hôtel de Ville mais n’a pas révélé la nature de sa fonction lorsque le journal le lui a demandé. C’est l’entourage d’Anne Hidalgo qui a précisé qu’il était « sur un poste de collaborateur de cabinet mais [qu’il devait] trouver un autre emploi ».
Pierre-Yves Bournazel attaque
Ces révélations n’ont pas manqué de faire réagir l’opposition parisienne. Et notamment, le conseiller de Paris UMP, Pierre-Yves Bournazel. Dans un communiqué, l’élu fait part de son étonnement au vu de ces nominations d’anciens élus non reconduits. « Madame Hidalgo les a fait sortir par la petite porte, elle les fait rentrer par le soupirail ! », lâche-t-il. « Cette pratique s’apparente à une appropriation des moyens de la ville au service des proches des partis de la majorité » dénonce l’ancien candidat à la mairie du 18ème. Pour lui, le maire de Paris joue « madame les bons offices », alors que « la Ville de Paris n’a pas vocation à se substituer ni à un cabinet des ressources humaines du PS, ni à une agence de Pôle Emploi ».
La mairie se défend
Rapidement, la mairie de Paris s’est défendue en répondant aux accusations au cas par cas et en brandissant le CV des anciens élus. Pierre Mansat ? « Sa connaissance du dossier de la métropole et du Grand Paris n’est pas à remettre en doute », justifie Ian Brossat, adjoint d’Anne Hidalgo. Sylvain Garel ? Il « a proposé sa candidature sur un poste qui était à pourvoir […] et qui existait avant son arrivée ». Fabienne Giboudeaux ? « Elle disposait des compétences et des titres pour remplir [sa] mission », celle de « chargée de mission ‘Ville intelligente’ spécialité urbanisme innovant et développement durable ». Romain Lévy ? Il est chargé « d’une mission de trois mois pour accompagner la mise en place de la nouvelle politique internationale de la collectivité », en tant que « collaborateur de cabinet », une fonction qu’il a déjà occupé pour Bertrand Delanoë, et « quittera la Ville à l’été ».
Au moins deux contrats sur quatre sont donc des contrats courts, allant de trois à six mois. Reste à savoir si ces anciens élus quitteront bien leurs fonctions au moment venu. La mairie éviterait ainsi une nouvelle polémique.