Arrondissements : Anne Hidalgo veut changer le visage de Paris
Publié le Par Antoine Sauvêtre
flickr - Israel Ministry of Foreign Affairs
Fusionner la ville et le département, redessiner les arrondissements, transférer des pouvoirs de la préfecture de police à la Ville… Anne Hidalgo veut métamorphoser la capitale française sur le fond comme sur la forme.
Anne Hidalgo se lance dans « un très grand chantier », selon ses propres mots. Ce chantier, l’édile de Paris le considère comme « une nouvelle étape de l’histoire de la conquête démocratique de Paris », indique le journal Le Monde qui a eu accès à une note confidentielle de la maire adressée à François Hollande et Manuel Valls. Dans ce document, l’ancienne adjointe de Bertrand Delanoë révèle ses intentions au gouvernement pour réorganiser les pouvoirs dans la capitale. Elle entend ainsi travailler sur trois tableaux.
Mettre fin à la confusion entre ville et département
Première étape de cette réorganisation : fusionner la ville et le département pour mettre fin aux « lourdeurs bureaucratiques » qui découlent du statut actuel de la capitale. Paris, à la fois ville et département, dispose de compétences administratives et surtout de deux budgets distincts. En juillet, la Chambre régionale des comptes (CRC) indiquait dans un rapport que le maintien de ces deux collectivités entretenait « une situation de confusion », alors que « le département de Paris n’a plus vraiment de réalité ».
Anne Hidalgo, qui considère être « allée jusqu’au bout de ce qu’[elle] pouvait faire pour mutualiser les services et les compétences de la commune et du département », souhaite désormais « un texte législatif » pour créer « une nouvelle collectivité de la République », est-il écrit dans la note. Le Parlement pourrait examiner un tel projet de loi « si possible début 2016 ».
Rééquilibrer les écarts de population
Entre les vingt arrondissements de Paris, les écarts de population sont « considérables », juge le cabinet d’Anne Hidalgo dans le document adressé au gouvernement. Cette mauvaise répartition des habitants dans les différents arrondissements a un impact négatif sur l’ « égalité de traitement des usagers ». Autrement dit, les écarts de population jouent sur la représentation politique des Parisiens.
L’arrondissement comme secteur électoral avait déjà été mis à mal en août par le Conseil constitutionnel qui avait censuré le mode d’élection des élus Parisiens pour la future métropole du Grand Paris. Pour Anne Hidalgo, cette décision prouve la « nécessité » de procéder à un rééquilibrage démographique des arrondissements parisiens. Pour autant, aucune proposition de nouvelle carte n’est arrivée sur le bureau de Manuel Valls, tout simplement car la mairie s’y refuse. La raison ? Elle souhaite ouvrir le débat à l’opposition parisienne « pour ne pas être accusée d’arrière-pensée électoraliste ».
En finir avec les blocages politiques
Dernière cible du projet de réforme d’Anne Hidalgo : la préfecture de police de Paris, dont les compétences interfèrent avec celles de la municipalité. Selon elle, il faut « sortir de la relation de défiance historique de l’Etat envers la capitale » afin d’éliminer les blocages d’ordre politique et améliorer l’efficacité des politiques engagées par la Ville. Pour appuyer son propos, la maire cite en exemple la fermeture des voies sur berge rive gauche pour laquelle « il a fallu attendre 2012 [année d’élection de François Hollande] pour que le gouvernement demande au préfet de police de nous accompagner sur le projet. Cette décision, bien que votée par le Conseil de Paris, avait été entravée par le préfet de l’époque à la demande du gouvernement de François Fillon », accuse-t-elle.
« Assurer la sécurité à Paris doit relever de l’Etat », avoue-t-elle. Mais de nombreux sujets bénéficieraient d’une nouvelle répartition des compétences, à commencer par la lutte contre la pollution, puisque certains axes de circulation et de stationnement relèvent de la responsabilité du préfet et non de la mairie. Même chose pour les questions d’urbanisme, dont certains projets attendent l’aval de l’Etat alors que le Conseil de Paris a déjà donné son accord. « On irait plus vite si le plan de sauvegarde du Marais, qui relève de l’Etat, était discuté et voté par les élus parisiens en même temps que le plan local d’urbanisme », assure-t-elle. En attendant la réponse du gouvernement, Anne Hidalgo a lancé une petite révolution.