L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset
Publié le Par Pascal Hébert
Claude Hélie (Gallimard)
Catherine Cusset s’est lancée dans une aventure humaine intéressante avec son dernier roman, L’autre qu’on adorait. On a tous rencontré dans notre vie un être souvent en marge, menant une vie hors cadre. Dans son dernier livre, la romancière nous dresse le portrait d’un homme à part… bien français dans une Amérique plus terre à terre, peu romantique et loin de notre désespérance nationale. En abordant la narration des aventures de son héros, vue de sa fenêtre, Catherine Cusset nous ouvre les portes d’un monde inconnu. Celui d’une Amérique où les résultats s’obtiennent à la force du poignet, au mérite en somme.
Thomas est un homme de la fin du siècle passé. On le suit pas à pas dans la déshérence de sa vie sans attache. Un homme perdu dans une éternelle adolescence pourrait-on écrire. Un homme à la recherche de l’amour qui se confond le plus souvent avec le désir. Mais entre deux, il faut bien vivre. Parti aux Etats Unis, Thomas parvient au fil du temps à intégrer le monde professoral sans pour autant mettre les deux pieds dans la vie active. La thèse qu’il laisse de côté devient un frein à son intégration. Jouant les french lovers auprès des femmes qu’il rencontre et des étudiantes, il joue la séduction sans vergogne. Mais aux Etats-Unis, on ne change pas la règle. Et malheur à celui qui s’en extrait. Catherine Cusset ,avec un ton monocorde, nous entraîne à travers ses lignes dans la chute de Thomas qui finira par se suicider. Il avait tout pour réussir… mais il aura porté sa croix jusqu’au bout. Jusqu’à ses 39 ans. Tout doucement, Catherine Cusset nous laisse entrapercevoir les fêlures de Thomas, dont les fondations peinent à se consolider dans un monde qui n’a plus le temps d’attendre.
Pascal Hébert
L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset. Editions Gallimard. 294 pages. 20 €.