Abdeslam contre Solère : le procès à 1€
Publié le Par Fabrice Bluszez
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Salah Abdeslam réclame un euro à Thierry Solère pour atteinte à l'intimité de la vie privée. Le député Les Républicains avait fait un compte-rendu détaillé de sa visite à Fleury-Mérogis. Procès perdu pour Abdeslam.
Incarcéré pour sa participation présumée aux attentats terroristes de novembre 2015 à Paris (130 morts), Salah Abdeslam, arrêté en Belgique, est détenu à Fleury-Mérogis (Essonne). Le député (LR) Thierry Solère, usant de son droit à visiter les prisons, est allé à la maison d'arrêt en juin 2016 et a raconté ce qu'il a vu, y compris grâce à la vidéosurveillance de la cellule de Salah Abdeslam.
Thierry Solère était accompagné de deux journalistes du Journal du Dimanche, qui n'avaient pas pu le suivre là mais le député avait fait un compte-rendu. Il avait même signalé la présence d'un rameur dans une cellule voisine, ce qui avait fait scandale à l'époque, le député parlant de salle de sport, à quoi le ministre de la Justice d'alors, Jean-Jacques Urvoas, avait répondu que ce local de 8m2 était justifié par l'isolement.
Salah Abdeslam réclame un euro de dommages pour atteinte à l'intimité de la vie privée. C'est un procès civil qui sera jugé ce jeudi 12 octobre à Nanterre (Hauts-de-Seine).
L'extrait de l'article du JDD.
« Quand l'élu des Hauts-de-Seine entre dans la salle de surveillance, ce mercredi en fin de matinée, Abdeslam sort des toilettes, se lave les dents et les mains. "Puis il s'est parfumé, et a déroulé son tapis de prière rouge. Il était en survêtement et tee-shirt sombre, cela fait une semaine qu'il ne porte plus la djellaba, et il a noué autour de la taille une veste, avant de se mettre à genou, tourné vers l'Est… Une longue prière." Ce qui marque Thierry Solère, c'est la très grande propreté et le rangement méticuleux de la cellule : "Le lit est fait parfaitement, il n'y a rien qui traîne, tout est rangé de façon maniaque." Ce qui le frappe aussi, c'est "la grande nervosité qui se dégage du détenu". "Il a tout rangé au fur et à mesure, avec des gestes saccadés, rapides. Il s'est lavé les dents à toute vitesse, j'ai eu l'impression de quelqu'un de très tendu." À aucun moment, Salah Abdeslam ne regarde une caméra. "Il évite toujours de les fixer, il déteste les vidéos", confirme un surveillant. "Aux parloirs, sa famille lui apporte des livres", glisse un autre. "Après sa prière, Abdeslam s'est assis sur son lit, et il s'est mis à lire le Coran", continue le député, qui, pour sa part, n'a pas vu de livre sur la table. "Peut-être sont-ils rangés sous le lit, je n'ai vu que le Coran qu'il était en train de lire"… Salah Abdeslam cuisine aussi beaucoup. Comme les autres détenus, il a réchaud et frigo. Selon les surveillants, qui consignent tous ses faits et gestes dans un cahier, le terroriste passe du temps à se faire à manger. Depuis le début du ramadan, il attend la tombée du jour pour dîner. "Il regarde assez peu l'Euro. En revanche, son truc c'est la téléréalité, il regarde des émissions des heures et des heures… et le matin, il se lève vers 11 heures", glisse un surveillant. »
La réponse de Jean-Jacques Urvoas à propos du rameur.
Procès perdu
On apprenait en soirée que ce procès est perdu pour Salah Abdeslam qui devra en supporter les frais, évalués à 500 €. Le tribunal a ainsi jugé, rapporte Valeurs actuelles :
« Les propos de M. Solère retranscrits dans l’article [du JDD relèvent] de l’information légitime du public à connaître les conditions carcérales au sein de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, qui constituent un sujet d’intérêt général... Aucune atteinte à la vie privée de M. Abdeslam n’est caractérisée”. »