Téléphonie : la valse des opérateurs
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Karola Riegler - flickr
Depuis l’arrivée de Free sur le marché, SFR et Bouygues Telecom font face à des difficultés financières. Une aubaine pour Orange et Numericable qui cherchent à racheter leurs concurrents.
SFR, convoité par Bouygues mais racheté par Numericable. Numericable en négociations avec Virgin Mobile. Orange qui s’intéresse à Bouygues, que l’Etat aimerait voir racheté par Free… Depuis quelques semaines, les opérateurs du marché français se livrent à une danse particulière : celle des fusions. Chacun avançant ses pions pour trouver le meilleur cavalier.
Numericable à l’attaque
Le premier à entrer sur la piste des rachats a été le groupe Numericable qui a pris SFR, deuxième sur le marché de la téléphonie dans son escarcelle. Vendredi 16 mai, le groupe annonçait se lancer dans une nouvelle bataille : le rachat de Virgin Mobile, un opérateur virtuel qui loue le réseau d’autres opérateurs. Avantage de ce rachat, dont la valeur est estimée à 325 millions d’euros : Numericable récupérerait 1,7 million d’abonnés qui pourront profiter du réseau SFR. Depuis décembre, Virgin Mobile utilisait uniquement le réseau 4G de SFR, et une partie du réseau Bouygues. Si l’accord de rachat reçoit le feu vert des autorités françaises de la Concurrence, Bouygues Telecom pourrait donc se voir amputer de ce contrat.
Free a tout bouleversé
Bouygues justement, était également intéressé par le rachat de SFR pour rentabiliser ses investissements de couverture réseau. Mais le groupe a essuyé une défaite lourde de conséquences. En proie à des difficultés financières importantes, il prévoit un plan social menaçant 20% de ses effectifs. En appliquant des tarifs bien plus faibles que ses concurrents, Free a poussé le prix des forfaits à la baisse, plongeant le groupe de Martin Bouygues dans la crise. Ce matin, c’est Orange, leader sur le marché de la téléphonie, qui entrait dans les négociations pour racheter Bouygues Telecom.
Sauver des emplois
Des négociations qui devraient être vu d’un bon œil par le ministre de l’Economie. Ce dernier privilégiant un retour à trois opérateurs. Car si la concurrence a permis de baisser les tarifs de près de 30% en moyenne, les entreprises tirent sur une autre ficelle pour préserver leur chiffre d’affaires : l’emploi. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Arnaud Montebourg milite pour le rachat de Bouygues. Une telle opération aurait l’avantage d’éliminer un opérateur et donc de limiter, en partie, la concurrence des prix. Si c’est Free qui l’emporte, il se rapprocherait d’Orange en termes de parts de marchés. Si c’est Orange, détenu à 27% par l’Etat, cela créerait un véritable géant de la téléphonie. Dans ce cas, c’est l’Europe qui pourrait empêcher l’opération au nom du respect de la concurrence. De quoi brouiller les ondes entre Paris et Bruxelles.