En concurrence avec l'Allemand Siemens pour racheter sa branche énergie, General Electric (GE) tiendrait le bon bout suite à son offre de reprise d'Alstom. Le groupe français a publié un communiqué ce mercredi indiquant qu'il "étudie l'adossement de ses activités énergie à GE" qui a formulé "une offre ferme" d'un montant de 12,35 milliards d'euros. Il a en outre "décidé de mettre en place un comité d'administrateurs indépendants [...] pour procéder, d'ici à la fin du mois de mai, à un examen approfondi de l'offre".
"Le périmètre de l'opération couvrirait les secteurs Thermal Power, Renewable Power et Grid, ainsi que les services centraux et partagés. Avec 65 000 personnes, ces activités ont réalisé un chiffre d'affaires de 14,8 milliards d'euros sur l'exercice 2012/2013", précise également Alstom. General Electric a quant à lui fait savoir que la somme sera payée "en numéraire" et non par un achat d'actions. Ce cash permettra à Alstom de se "concentrer sur ses activités dans le domaine du transport, dont il est un leader mondial" mais également de "rembourser sa dette" qui se chiffre à près de 3 milliards d'euros. Un bonus sera également fourni aux actionnaires.
Siemens toujours dans la course
Si la préférence affichée par Patrick Kron, le PDG d'Alstom, va clairement en direction de GE, Siemens ne compte pas en rester là. Le groupe allemand a amélioré son offre en proposant de céder davantage sur son activité transport. Dès dimanche, Siemens a émis le souhait d'apporter une partie de celle-ci à Alstom en échange du rachat de sa branche énergie. Mardi, l'Allemand a même indiqué être prêt à lui céder ses métros en plus de ses trains à grande vitesse, mais s'est dit "déçu du manque de coopération" du groupe français, qui n'a formulé aucune réponse envers leurs propositions.
Face à l'intérêt du gouvernement français envers le projet de reprise de Siemens, Alstom a fait savoir également dans son communiqué que "le groupe s'est réservé le droit de répondre à des offres non sollicitées pour la reprise de l'ensemble de ses activités Energie et d'entrer en discussions avec des candidats dont le sérieux et l'intérêt des projets pourraient conduire à une meilleure offre pour Alstom".
Dans une interview accordée au Monde, Patrick Kron a également confirmé que "Le conseil a également été informé d'une indication d'intérêt de Siemens, qui aura accès à toutes les informations nécessaires pour lui permettre, s'il le décide, de faire une offre ferme" avant d'ajouter que si"Siemens a fait une déclaration d'intérêt, ce n'est pas encore une offre. Si Siemens en fait une, le conseil l'examinera."
GE livre des garanties sur l'emploi
En plus de son offre ferme à l'attention d'Alstom, le conglomérat américano-canadien s'est pour sa part engagé à l'"augmentation du nombre d'emploi dans les activités concernées". Dans un courrier à l'attention de François Hollande et révélé par Les Echos, le PDG de GE, Jeffrey Immel, avait tenté de rassurer mardi soir le président, l'Elysée étant plus favorable à une solution européenne, qui n'est pour le moment autre que Siemens.
Pour cela, Jeffrey Immel s'est engagé à "faire croître le nombre de nos emplois en France, particulièrement les emplois hautement qualifiés dans l'ingénierie et de la production localisés en région". Alstom emploie actuellement 18 000 salariés en France contre 10 000 pour GE. Il souhaite également faire du site de Belfort "le siège européen de l'activité énergie thermique de GE" et souhaite implanter en France les sièges mondiaux des activités grid (réseaux), hydro, éolien offshore et turbines vapeur du groupe américain.
"Accueillir des investisseurs français" au capital de son activité hydroélectrique, "étudier toute proposition d'acquisition de la part d'investisseurs français pour les activités éolien onshore et offshore d'Alstom", "tenir compte du caractère souveraine de l'industrie nucléaire" française et "résolu à collaborer avec l'Etat, Areva et EDF afin de protéger ce secteur et de préserver ses exportations" sont les autres engagements promis par M. Immel. Il n'a toutefois pas évoqué dans ce courrier le plan prévoyant la suppression de 181 postes sur 2 400 dans l'imagerie médicale, l'un des métiers phares de GE en France.