France Culture

Et personne ne sait, de Philippe Forest

Publié le  Par Pascal Hébert

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Francesca Mantonvani

Philippe Forest nous livre en ce début d’année un conte bien étrange, voire surréaliste. Un conte d’hiver qui se lit avec une attention toute particulière. Loin du roman classique. "Et personne ne sait nous" ouvre les portes de l’imaginaire d’un auteur naviguant entre la mémoire et la projection d’un fantasme. A partir d’un livre et de son adaptation cinématographie au milieu du 20e siècle, Philippe Forest s’invite dans une histoire déjà illustrée pour nous faire part de ses réflexions.

C’est dans le milieu pictural que tout se joue. A New York plus précisément. La neige tombe silencieusement de toute sa blancheur. Elle vient de si haut, qu'au sommet des gratte-ciel, elle brille, éternelle. Un jeune peintre marche dans les rues emmuré dans un spleen et un désespoir. A-t-il du talent ? Ses toiles, principalement des paysages, se sont pas à la mode.


Dans la nuit de Noël, un événement va marquer sa vie. Dans Central Park, Ebel Adams voit une jeune fille seule, loin de tout et surtout non accompagnée de ses parents. Ils discutent et l’enfant lui chante une chanson mystérieuse qui commence par « D’où je viens/Personne ne sait ».

Le miracle de Noël a un nom. Celui de Jennie Appleton. Transcendé par cette rencontre incongrue et ému certainement par la chanson et la beauté sauvage de cette fillette, Ebel Adams couchera les traits de Jennie sur son carnet à croquis. Le peintre verra ensuite la jeune fille sous différents aspects : enfant, adolescente, femme.

D’une vision ou d’un fantasme rêvé, Eben Adams s’attachera à faire le portrait de Jennie. Devenue sa muse, elle permet au peintre d’ouvrir la porte de ses sentiments et d’accéder enfin à ce petit plus qui permet à une œuvre de parler au cœur des spécialistes et amateurs. Finalement, Eden Adams donne raison à Miss Spinney, qui tient une galerie de peinture. Elle a toujours cru en lui et en son potentiel. Avec Le portrait de Jennie et son succès, Eben verra son influence grandir dans le milieu si fermée de la peinture.


Au cours de cette balade à travers le temps et l’espace, Philippe Forest nous invite à découvrir d’autres tableaux d’éminents peintres américains et à nous conter l’envers du décors des œuvres évoquées. S’attachant aux personnages figurant sur les toiles, le romancier nous montre l’évolution d’un pays en pleine naissance et croissance économique. Les bourgeois américains du XIXe siècle, s’attachant à se représenter dans leur univers, se sont offert les talents des peintres de l’époque.

Entre mélancolie et passion, avec "Et personne ne sait", Philippe Forest nous permet de sortir des sentiers battus et rebattus de la littéraire actuelle.


Pascal Hébert

"Et personne ne sait", de Philippe Forest. Éditions Gallimard. 123 pages. 17 €







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