Croissance : Bruxelles et Paris pas sur la même longueur d'onde
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - Parti Socialiste
Bruxelles a estimé que Paris avait vu une nouvelle fois trop haut concernant la croissance du PIB.
Visiblement, Bruxelles et Paris ne sont décidément jamais sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de rendre leurs prévisions sur le budget de l’Etat français. Dans leurs prévisions économiques d’automne, publiées ce mardi 4 novembre, les experts de la Commission européenne estiment que la croissance du produit intérieur brut (PIB) français devrait être de 0,7 % seulement en 2015. Afin de construire son budget, le gouvernement du premier ministre Manuel Valls a lui posé comme hypothèse que le PIB progresserait de 1 %. Un refrain auquel on est désormais plutôt habitué.
Croissance faible dans la zone euro
Pourtant, les prévisions de Paris sont concordantes avec celles du Fonds monétaire international (FMI), qui revoyait à la baisse ses prévisions de croissances pour la France : une croissance de 1 % en 2015 que l’organisation voyait encore en juillet une hausse de 1,4 %. La croissance des 28 pays de l’Union européenne en 2015 devrait être de 1,5 % et de 1,1 % pour ceux dans la zone euro. L’Allemagne devrait se réfréner puisque son PIB ne progresserait seulement de 1,1 % selon Bruxelles contre 1,3 % attendu.
« Les nouvelles prévisions de la Commission européenne confortent notre analyse d’une reprise trop faible dans la zone euro, note le ministre des finances, Michel Sapin. Nous devons travailler avec nos partenaires européens et la nouvelle Commission pour répondre ensemble à une question cruciale : comment retrouver, le plus rapidement possible, plus de croissance et plus d’emploi. C’est le sens du débat que je mène depuis cet été. » Concernant le déficit public, la Commission ne partage pas non plus les prévisions du gouvernement compte tenu de cet écart d’évaluation sur la croissance
La Commission n’a pas tenu compte des efforts budgétaires de la France
Côté Bruxelles, on estime que le solde devrait s’alourdir, passant de 4,5 % du PIB en 2015 à 4,7 % en 2016. A Paris, on prévoit qu’il atteindra 4,3 % du PIB en 2015 mais 3,8 % en 2016 avant de retomber sous les 3 % en 2017. Cet écart s’explique parce que Bruxelles croit en une inflation légèrement plus élevée que Paris. Michel Sapin a rappelé que « ces prévisions de déficit public ont été faites avant toute proposition nouvelle », la Commission n’a pas tenu compte des efforts budgétaires proposés par la France (3,6 milliards d’euros de dépenses en moins) sous sa pression, fin octobre, afin d’éviter un rejet pur et simple de son budget 2015
La prévision de déficit pour 2016 est aussi à prendre avec des pincettes. La Commission, pour la calculer, raisonne à politiques constantes, sans préjuger des mesures d’économies supplémentaires et/ou des réformes additionnelles auxquelles Paris pourrait consentir. Interrogé par l’AFP, l’entourage de Michel Sapin a dénoncé un calcul « purement théorique, par nature provisoire » et qui « ne signifiait rien ».