« Le présentéisme » coûte entre 13 et 25 milliards d’euros par an aux entreprises
Publié le Par Raphaël Didio
Flickr - Jean-Etienne Minh-Duy Poirrier
Le présentéisme désigne un salarié présent au travail mais la productivité est limitée pour cause de fatigué liée à des difficultés personnelles ou professionnelles. Cela coûterait deux fois plus aux entreprises que l’absentéisme.
Apparu en Amérique du Nord depuis quelques années, le « présentéisme » est la source de pertes considérables pour les entreprises. Alors qu’on pointe souvent du doigt l’absentéisme, avoir des salariés présents mais malades et/ou démotivés coûterait deux fois plus. En général, cela se manifeste en période de crise. Pour montrer à son chef que l’on s’implique vraiment, un surinvestissement au travail est alors entrepris, entraînant des horaires à rallonge qui provoquent un état d’épuisement émotionnel. Le « Burn in », voilà le terme employé par les spécialistes, un état qui présage à tous les coups le « Burn-out », qui conduit inévitablement à une longue période d’arrêt de travail.
Enfin, comme le salarié préfère malgré tout avoir un emploi, se met en état de « démission intérieure » car il n’arrive pas à trouver la motivation nécessaire par son travail quotidien. En chiffre, cela se traduit par des sommes astronomiques. D’après Matthieu Poirot, fondateur du cabinet Midori Consulting, expert en qualité de vie au travail, le taux d’absentéisme est de 4,53 % (taux national en 2012). Quant au taux théorique de présentéisme, il peut être compris entre 6,34 % et 9 % de la masse salariale. Son coût caché pourrait se situer entre 2,6S7 % et 4,86 %, soit entrre 13,7 et 24,95 milliards d’euros annuel…
Une baisse importante de la quantité et de la qualité du travail réalisé
Bien entendu, ce « coût caché » est intégralement supportée par les entreprises, tandis que c’est la collectivité qui prend en partie le coût de l’absentéisme. « Les statistiques de nos études montrent une baisse importante de la quantité et de la qualité du travail réalisé, ainsi qu’une augmentation du risque d’accidents et de conflits. Par ailleurs, le présentéisme peut entraver la guérison et empêcher que les salariés récupèrent pour revenir à un état de santé normal, explique Matthieu Poirot au Parisien. En incitant au présentéisme, les entreprises peuvent favoriser une incapacité de travail qui risque d’être plus longue et de leur coûter plus cher que si elles avaient accepté le coût non caché de l’absentéisme.»
D’après Midori, si le salaire annuel moyen est de 27 000 € pour entreprise, cela représente un coup situé entre 514 et 660 € par salarié en coûts cachés. Avec un salaire moyen de 110 000 euros cela monte entre 2 093 et 2 691 euros. Mais cela est bien évidemment variable selon les secteurs : de 3, 93 % à 5, 62 % dans les BTP, il peut atteindre 7,64 % à 10,92 % dans les services. « Nous sommes sur un coût caché absolument colossal, à peine anticipé et travaillé par les entreprises publiques et privées », souligne Matthieu Poirot. Pour y remédier, il préconise une meilleure régulation de la charge de travail (quantité de travail, charge émotionnelle du travail...), mais aussi par une valorisation de leurs salariés par des augmentations de salaire et des promotions... « Pour autant, beaucoup d’entreprises rechignent encore à investir sur la qualité de vie au travail car elles ne perçoivent pas forcément le retour sur investissement ».