Jérôme Kerviel emprisonné à Nice
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Capture d'écran Youtube
L’ancien trader de la Société Générale, arrêté dans la nuit après avoir passé la frontière franco-italienne, a été écroué lundi 19 mai à la maison d’arrêt de Nice. Il doit purger une peine de trois ans de prison.
Le feuilleton aura duré tout le week-end. Et a trouvé son épilogue dans la nuit de dimanche à lundi. En traversant la frontière franco-italienne, Jérôme Kerviel a finalement respecté le délai fixé par la justice pour rentrer en France. A minuit, heure limite à laquelle il devait se présenter aux autorités françaises, Jérôme Kerviel a été interpellé par la police dans la ville de Menton. « Il a été affecté à la maison d’arrêt de Nice, jusqu’à nouvel ordre », annonçait ce matin le procureur de la ville, Eric Bedos.
3 ans de prison ferme
L’ancien trader s’est vu signifier sa condamnation à trois ans de prison ferme, prononcée en juin 2012. Il a été reconnu coupable d’avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros en 2008 à la banque qui l’employait, la Société Générale. L’enquête réalisée par le pôle financier du parquet de Paris a révélé que Jérôme Kerviel avait pris près de 50 milliards d’euros d’engagements sans contrepartie en janvier 2008, établit plus de 900 opérations fictives ou encore fabriqué des mails à en-tête falsifiés.
Cela lui a valu d’être renvoyé devant le tribunal pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction de données informatiques frauduleuses. Après quatre semaines de procès, l’ex-trader a été condamné à cinq ans de prison dont trois fermes. Une condamnation confirmée par la cour d’appel de Paris.
Un homme médiatique
En février, l’homme, converti au catholicisme, avait entamé une marche très médiatique entre Rome et Paris pour dénoncer la « tyrannie des marchés ». Durant celle-ci, il a notamment été à la rencontre du pape François. Ce week-end, son dernier en tant qu’homme libre, Jérôme Kerviel a d’abord averti qu’il resterait en Italie en attendant que l’Elysée réponde à sa demande de protection des témoins dans son dossier. Il accuse en effet la Société Générale d’avoir versé plus d’un million d’euros à Eric Cordelle, son ancien supérieur, pour qu’il témoigne en faveur de la banque. Il demandait également que ses avocats puissent « rencontrer le président de la République au plus tôt afin de lui exposer l’ensemble des dysfonctionnements graves » durant la procédure judiciaire qui le vise.
Demande de grâce présidentielle ?
L’Elysée lui a notifié une fin de non-recevoir, en rappelant que « le président de la République est le garant constitutionnel de l’indépendance de l’autorité judiciaire », et donc, qu’ « à ce titre, [il] est attaché au respect des décisions rendues par les juridictions françaises ». Pour éviter la prison, l’ultime recours serait donc de demander la grâce présidentielle permettant au chef de l’Etat de faire cesser ou de réduire la peine d’un justiciable sans abolir le crime, le délit ou la culpabilité pour lesquels il a été condamné. Cependant, Jérôme Kerviel a indiqué qu’il ne demanderait pas de grâce présidentielle et qu’il été prêt à effectuer sa peine de prison, précisant qu’il n’avait « jamais fui la justice ».